lundi 30 décembre 2013

Jour de l’an à Montréal en 1750

La correspondance de Madame Bégon procure une brève description des coutumes de nos ancêtres qui célèbrent l’arrivée du nouvel an vers 1750. Elle écrit :

On se tient chacun chez soi en attendant le jour des folies, car tu sais que le 1er de l’an est une vraie extravagance.  […] Tout ce qui répugne à la petite, c’est qu’il faut baiser tout le monde : elle n’aime point cela. (1)

Mme Bégon ou de son nom de jeune fille Marie-Isabelle-Élisabeth Rocbert de La Morandière, est la fille d’Étienne et d’Élisabeth du Verger. Son père est venu s’établir en Nouvelle-France vers 1690; il deviendra garde-magasin à Montréal jusqu’en 1732. Il s’agit d’une famille en vue à Montréal mais elle n’est pas noble.

Quand Claude-Michel Bégon voudra l’épouser, un noble et frère cadet de l’intendant par surcroît, on assiste à une levée de boucliers. Pour faire une histoire courte, ils se sont mariés « à la gaumine ». Officiellement, leur mariage a été célébré à Montréal, le 19 décembre 1718, après la dispense de la publication des trois bans et l’autorisation du gouverneur Vaudreuil. La famille s’installe à Trois-Rivières où Claude-Michel Bégon deviendra gouverneur.

Elle commence la rédaction des lettres à son gendre après la mort de son mari en 1748. Elle retourne vivre à Montréal.

(1) Lettres au cher fils, Correspondance d’Élisabeth Bégon avec son gendre (1748-1753), préface de Nicole Deschamps, Montréal, Hurtubise HMH, 1972.

lundi 16 décembre 2013

Martin Parent ou la nécessité fait loi

Dans les premières années du 19e siècle, plusieurs habitants de la région de Québec allaient travailler aux Postes du Roi. Cette dénomination désignait une vaste région qui s’étendait de la rivière Saguenay jusqu’à Chicoutimi et longeait le fleuve Saint-Laurent jusqu’aux côtes du Labrador.

Au recensement de la ville de Québec de 1818, Martin Parent, boulanger âgé de 36 ans, Marguerite Goodchild (aussi dénommée Bonenfant dans les registres de la Côte Nord), son épouse âgée de 20 ans, et leur fille Marguerite, âgée de 4 mois, demeurent au numéro 144 de la rue Saint-Georges. Il n’y a rien d’exceptionnel dans cette famille. Cependant, les registres de Québec de l’année 1819 exposent une situation qui aurait pu devenir embarrassante pour Martin et les siens. Le 30 mars 1819, Martin et Marguerite font bénir leur mariage à l’église de la paroisse Notre-Dame-de-Québec. L’acte de mariage explique bien de choses :

Le trente mars mil huit cent dix neuf, monseigneur Joseph Octave Plessis, Evêque de Québec ayant accordé la Dispense de trois Bans de mariage et aussi celle du temps publié pour en faire la célébration a martin parent Boulanger domicilié en cette Ville fils majeur de feu Joseph parent et de feue Marguerite Legris dit Lepine de cette paroisse d’une part, et Marguerite Goodchild domiciliée en cette ville fille mineure de Thomas Goodchild pêcheur et de Marie Quironette consentants du Poste appelé Blanc Sablon sur la cote de la Brador d’autre part, lesquels avaient déjà contracté ensemble un engagement de mariage au dit Blanc Sablon dix neuf février mil huit sent dix sept par devant témoins à défaut de Prêtre deservant le dit lieu […]

À certaines périodes de notre histoire, nos ancêtres ont fait appel au sens commun plus d’une fois pour suppléer à la loi ou à la règle établies. Par exemple, dans certaines régions éloignées, comme sur la Côte Nord, les rares présences du missionnaire rendaient difficile l’observance des commandements de la religion catholique. Ainsi donc, Martin et Marguerite ont régularisé une situation maritale de fait. À quelque part sur la Côte Nord, un individu en autorité avait probablement autorisé leur vie commune sans procéder à la cérémonie religieuse du mariage.

En ce qui concerne sa filiation, Martin Parent descend de Pierre Parent par son fils Jacques et sa première épouse, Louise Chevalier.





lundi 2 décembre 2013

Les archives pour aider la généalogie

Quand on fait une recherche en généalogie, il arrive parfois qu’on ne trouve pas des dates de naissance, de mariage ou de sépultures. Certains registres paroissiaux sont incomplets.

En d’autres occasions, un individu part en expédition dans les Pays d’en haut et ne donne plus signe de vie. Alors, on présume qu’il est décédé mais son acte de sépulture n’est pas inscrit dans les registres paroissiaux. Cette situation se rencontre aussi chez les navigateurs qui sillonnent le fleuve Saint-Laurent. Les naufrages sont fréquents et chacun de ceux-ci est accompagné de son lot de personnes disparues qui n’auront pas de sépultures. Si les sources traditionnelles d’information des généalogistes que sont les registres paroissiaux ne contiennent pas l’information recherchée, la documentation archivistique qu’on trouve dans les centres d’archives du Québec peut fournir des éléments de réponse.

C’est le cas de Joseph Parent, fils de René Parent et de Marie-Madeleine Courault.

On le connaît parfois sous le prénom de Joseph-Mathieu mais le plus souvent, on le nomme Joseph. Il est né le 20 septembre 1700,à Beauport. Il épouse Louise Blondeau, fille de Joseph Blondeau et d’Agnès Giguère, à Saint-Louis de Kamouraska, le 7 janvier 1728. Louise Blondeau ne survit pas à l’accouchement de son premier enfant et elle meurt le 18 novembre 1728, onze jours après la naissance de son fils.

Joseph ne reste pas veuf très longtemps. Il se remarie avec Geneviève Cartier, fille de Paul Cartier et d’Agnès Cloutier, à Saint-Joachim, le 25 avril 1729. Joseph occupe plusieurs métiers. Ses occupations l’amènent à naviguer sur le fleuve Saint-Laurent. Il se rend à Tadoussac, même à Sept-Îles.

À l’automne 1742, nous apprenons que Geneviève Cartier est veuve. Les recherches pour trouver l’acte de sépulture de Joseph (ou Joseph-Mathieu) sont vaines. Quand est-il mort ? Au baptême de son dernier enfant en 1739, il est vivant.

Les registres paroissiaux sont muets en ce qui concerne le décès de ce Joseph Parent mais les archives apportent des éléments de réponse. Le 25 octobre 1742, à Québec, est rédigé un acte de tutelle des enfants mineurs de Joseph Parent, décédé, et de sa veuve Geneviève Cartier qui est nommée tutrice de ses enfants.

L’acte de tutelle était insinué peu de temps après le décès d’un des époux. Les archives permettent d’avancer que Joseph Parent est décédé au cours l’été ou au début de l’automne 1742.