lundi 28 juillet 2014

Jacques Parent, aubergiste à Neuville

Jacques Parent, le fils aîné de Jacques Parent et de Françoise Goulet, âgé de 24 ans, épouse une jeune fille de Neuville, Cécile Trudel, fille d’Ambroise Trudel et de Josephte Matte. Le mariage est célébré le 15 juillet 1805, à Neuville.

Après leur mariage, Jacques Parent fils et son épouse s’installent à Québec où il exerce le métier de charretier ou voiturier. Quand le couple Parent-Trudel doit régler un élément de la succession d’Ambroise Trudel en 1809, le notaire écrit : « Sieur jacques Parent et dame Cécile Trudel son épouse […] résidents au fauxbourg Saint Jean de Québec » (1). Les trois premiers enfants du couple sont baptisés à l’église de Notre-Dame-de-Québec : Édouard le 10 décembre 1807, Narcisse le 23 avril 1810 et Magloire le 23 avril 1812.

Après avoir vendu leur propriété de la rue Saint-Jean à la mi-septembre 1813 à un confrère charretier (2), Jacques fils achète une terre située dans la première concession de Neuville entre le chemin du Roi et le fleuve Saint-Laurent (3). Dans cet acte de vente, Jacques fils est qualifié de maître voiturier.

Jacques fils est maintenant installé à Neuville. Il ne se contente pas d’exploiter sa terre, il pratique aussi le métier d’aubergiste. De 1818 à 1829, nous voyons apparaître son nom dans la liste des aubergistes de campagne identifiés par le gouvernement de Québec (4).

Être aubergiste implique qu’il faut respecter la loi. Au cours de sa carrière, le nom de Jacques Parent apparaît à quelques reprises dans les minutes de la Cour des Session de la paix, à Québec (5). Voici des extraits de quelques documents de cette cour de justice.

29 juillet 1820 : Information and complaint of Joseph Harnois, yeoman, of Saint François de Salle commonly called the parish of Pointe aux Trembles (6), against Jacques Parent, innkeeper, of the Saint François de Salle commonly called the parish of Pointe aux Trembles, for having sold certain strong liquor to Louis Picard. (Note : Louis Picard alias Gros Louis est amérindien. Une sommation et des frais de poursuite accompagnent la procédure.)

14 février1826 : Information and complaint of Pierre Blanchet, yeoman, of the city of Québec, against Jacques Parent, late tavern-keeper, of the parish of Pointe aux Trembles, for having sold strong liquors on Sunday.

15 avril de la sixième année de George IV (7) : Recognizence by Jacques Parent, of pointe aux Trembles, Michel Sansfacon, and Olivier Parent, yeoman, of the city of Quebec, to keep his licence.

28 avril 1841 : Cautionnement de Jacques Parent, de la paroisse de la Pointe aux Trembles, par François-Xavier Robitaille, de la paroisse de la Pointe aux Trembles, et Hilaire Belan, de la paroisse de la Pointe aux Trembles, afin de se qualifier pour une licence d’aubergiste.

Nous, soussignés, François-Xavier Larue, Lieutenant colonel, Joseph Larue, Ecuier, Juge à Paix et Bathélémi Larue Marguillier en charge de la paroisse de la Pointe aux Trembles, dans la comté de Portneuf dans le District de Québec, certifions par le présent, que le sieur Jacques Parent du même lieu, est une personne propre et convenable pour obtenir une Licence pour tenir une Maison d’entretien public, et détailler des liqueurs spiritueuses au lieu susdit, et a donné le cautionnement requis par la loi des personnes qui demandent une telle Licence; et en outre que nous avons visité et connaissons la maison et lieux du dit Jacques Parent et qu’il y a dans et sur ces lieux les lits, étable et commodités pour les Voyageurs requis par la Loi.
    Daté en la Paroisse de la Pointe aux Trembles susdite, le 28ieme jour d’avril mil huit cent quarante et un.
            Joseph Larue  JP
            FX Larue lt col
                Barthélémi Larue
(1) BAnQ-Q. Minutier de François-Xavier Larue, le 27 mars 1809.
(2) BAnQ-Q. Minutier de Joseph Bernard Planté, le 16 septembre 1813.
(3) BAnQ-Q. Minutier de François-Xavier Larue, le 6 octobre 1813.
(4) BAnQ-Q. Cote E4. Liste des aubergistes de la région de Québec, 1796-1847.
(5) BAnQ-Q. Cour des Sessions de la Paix à Québec, cote TL31,S1,SS1. Voir les causes nos 10224, 110478 et 110479.
(6) Au début du 19e siècle, la paroisse de Neuville était connue sous le nom de Pointe-aux-Trembles.
(7) La sixième année du règne de George IV est 1826.


lundi 14 juillet 2014

Les Parent à Neuville : Jacques Parent, tailleur de pierre

Les parents de Françoise Goulet, épouse de Jacques Parent, clarifient leur situation envers leur fille et son époux. Joseph Goulet et son épouse, qui s’étaient engagés à leur céder leurs biens dans leur contrat de mariage, passent à l’action. Le 28 janvier 1784, ils donnent définitivement leur maison, leur terre, leurs animaux et leurs bâtiments à Jacques Parent et son épouse, leur unique héritière (1). Dans les années qui suivent, la famille Parent-Goulet vit paisiblement à Neuville. Les enfants naissent de façon régulière

Jacques Parent ne vit pas uniquement des produits de la ferme. Il tente également sa chance dans le monde des affaires. En 1808, il conclut une entente avec John Cannon, un entrepreneur en maçonnerie de Québec. Il s’engage à livrer « les pierres de Taille de la Pointe aux Trembles, qui se trouveront être nécessaires pour les Batisse des nouvelles Prisons qui doivent être construites à Québec, […], et livrables au dit Sieur Cannon à la carrière que le dit Sieur Parent ouvrira à cet effet et lesquelles Pierres seront des diverses proportions qui lui seront donné par le dit Sieur Cannon, aux dits noms et seront les dites Pierres saines et sans aucune mauvaises veines ou veines éventées et lesquelles seront en outre de la meilleure qualité ». Cannon promet de payer une somme de cinq livres pour chaque toise commune de douze pieds de long, six pieds de large et trois pieds de hauteur selon la mesure française. Jacques père s’oblige à faire charroyer les pierres taillées jusqu’à la grève (2). Il s’agit d’un contrat très important car la construction de la prison ne se terminera qu’en 1814.

John Cannon, maître maçon et entrepreneur en maçonnerie de Québec, est le fils d’Edward Cannon et d’Hélène ou Eleanor Murphy. Son père, lui-même maître maçon, a réalisé d’importants travaux de maçonnerie à Québec dont la construction de l’église anglicane de Québec de 1800 à 1804. En 1808, il vient de former, avec ses fils John et Laurence, la compagnie Edward Cannon & Sons. Cette même année, la compagnie obtient l’important contrat de maçonnerie pour la nouvelle prison de Québec qui va être construite rue Saint-Stanislas. La construction s’échelonnera de 1808 à 1814, sous la surveillance de François Baillargé. Cannon se tourne donc vers la seigneurie de Neuville pour obtenir la pierre nécessaire. En 1824, il est élu député de la circonscription de Hampshire (comté de Portneuf). Il semble bien que les habitants de la paroisse de Neuville l’appuient massivement. Le notaire François-Xavier Larue fait campagne pour lui. Son élection est annulée car il est reconnu coupable d’avoir soudoyé des électeurs. Il est réélu en 1827 et il siège jusqu’en 1830. Il meurt le 9 février 1833 (3).

(1) BAnQ. Minutier de Jacques Perrault, le 28 janvier 1784.
(2) BAnQ. Minutier de François-Xavier Larue, le 9 juin 1808.
(3) Dictionnaire biographique du Canada, vol. VI, 1821-1835, Québec, Les Presses de l’Université Laval, p. 130-131.