vendredi 17 février 2012

Marie Parent, la fille aînée de Pierre Parent et Jeanne Badeau - partie 1

Le 25 novembre 1655, Jeanne Badeau devient mère pour la première fois; elle met au monde une petite fille. Le père Paul Ragueneau l'ondoie le jour même de sa naissance. Le 5 décembre suivant, sa naissance est portée aux registres de la paroisse de Notre-Dame-de-Québec.
Acte de baptême de Marie Parent
L'an de grace 1655 le 25 novembre naSquit un Enfant femelle du mariage de Pierre Parent et de Jeanne Badeau qui fut ondoyée par le r.p. Paul ragueneau le même Jour; depuis apporté en cette paroisse i e Hierosme Lalemant y faisant fonction de Cure luy ay conferé les Ceremonies; le nom de Marie luy a eSté donné; les parains ont eSté le Sieur de la Fontaine e Marie Couillart femme du sieur Buissot e ce le 5e de decembre.
En 1670, Jeanne est enceinte et va bientôt accoucher, et sa fille aînée veut absolument se marier. Un voisin, David Corbin, a fait la grande demande. Le 13 février 1670, devant Paul Vachon, le futur marié et les parents de Marie acceptent les clauses du contrat de mariage qui régira leur union. Dans ce contrat, Pierre et Jeanne promettent de donner la somme de 300 livres tournois en avance d'hoirie aux futurs mariés (1). Cinq ans plus tard, David Corbin donnera quittance de cette somme à ses beaux-parents (2). Jeanne accouche deux semaines plus tard. Le 27 février, elle met au monde sa deuxième fille qui sera baptisée du prénom de Geneviève, à la chapelle de Beauport, le 2 mars suivant.

Marie n'a que 14 ans et ses parents la considèrent encore trop jeune pour prendre époux. Même si le contrat de mariage est signé, ils lui demandent d'attendre d'avoir 15 ans révolus avant de célébrer le mariage. Marie Parent n'attendra pas un jour de plus que le 25 novembre 1670. La journée même de son quinzième anniversaire, elle convole à l'église de Notre-Dame-de-Québec. Le mariage d'une si jeune fille cadre parfaitement avec la politique royale qui encourage le mariage des filles à un jeune âge et les exhorte à mettre au monde le plus d'enfants possible (3).
Édits, ordonnances royaux, déclarations et arrêts du conseil d'état du roi concernant le Canada (12 avril 1670)
[…] en considération de la multiplicité des enfants et pour les porter au mariage, Sa dite MajeSté, étant en Son ConSeil, a ordonné et ordonne qu'à l'avenir tous les habitants du dit pays qui auront juSqu'au nombre de dix enfants vivants, nés en légitime mariage, […] feront payés des déniers que Sa MajeSté envoyera au dit Pays d'une penSion de trois cents livres par chacun an, et ceux qui en auront douze de quatre cents livres;
[…] Veut de plus Sa dite MajeSté qu'il soit payé par les ordres du dit Intendant à tous les garçons qui Se marieront à vingt ans et au-deSSous, et aux filles à Seize ans et au-dessous, vingt louis pour chacun le jour de leurs noces; […] et qu'il soit établi quelque peine pécuniaire, applicable aux hôpitaux des lieux, contre les pères qui ne marieront point leurs enfants à l'âge de vingt ans pour les garçons et à l'âge de Seize ans pour les filles.
Les familles Parent et Badeau s'inscrivent dans cette volonté politique de la métropole, puisque Suzanne Badeau s'est mariée à l'âge de 13 ans et 10 mois et Marie Parent doit attendre de célébrer son quinzième anniversaire avant de convoler. Elles ne font qu'imiter leurs jeunes concitoyennes nées au Canada qui se démarquent par la grande précocité de leurs mariages; on estime que près des deux tiers d'entre elles se marient avant 15 ans (4). Deux ans plus tôt, Colbert proposait des mesures encore plus énergiques : il souhaitait doter les garçons afin d'encourager leur mariage (5).

1. BAnQ, Minutier de Paul Vachon, le 13 février 1670.
2. BAnQ, Minutier de Paul Vachon, le 9 décembre 1675.
3. Robert Shore Milnes, Édits, ordonnances royaux, déclarations et arrêts du conseil d’état du roi concernant le Canada, vol. I, Québec, 1803, p. 57-58.
4. Hubert Charbonneau, Bertrand Desjardins, André Guillemette, Yves Landry, Jacques Légaré, François Nault, avec la collaboration de Réal Bates et Mario Boleda, Naissance d’une population. Les Français établis au Canada au XVIIe siècle, Les Presses de l’Université de Montréal et les Presses universitaires de France, Travaux et Documents, Cahier no 118, 1987, p. 73.
5. Rapport des Archives de la province de Québec 1930-1931, p. 95. Lettre du ministre Colbert à Talon.

vendredi 10 février 2012

Les testaments de Jeanne Badeau

À l'automne 1702, Jeanne Badeau tombe malade à tel point qu'elle croit sa dernière heure proche. Elle juge préférable de faire son testament. Antoine, le dernier-né de la famille qui est encore célibataire, prend soin de sa mère. Le 8 octobre, celui-ci fait appeler le notaire Jean-Robert Duprac qui se rend chez Jeanne Badeau;. Dans un très court testament, Jeanne donne la plus grande partie du peu d'objets qui lui restent à quelques-uns de ses petits-enfants. Elle termine ses recommandations en donnant une vache à son fils Antoine pour le remercier « pour les soins quil a eu de la dite testatriSSe »(1).

Parmi les clauses du testament, citons: 

[…] Item faict testament a anthoine Parant Son fils de Son lict, un lict de plume traversin deux draps, une couverte Et le toit du lit.
Item faict testament a Genevieve langlois Et a Jeanne baugis Ses petites fille de toutes ses hardes et Juppe Six chemise Et autres vieilles ardes.
Item faict testament a Jean marie fils de Charles parant son petit fils quatre Serviette ouvrée Et la moitié d'une nappe aussy ouvrée.
Item faict testament a Marie Chevalier Sa petite fille quatre serviettes ouvrée Et la moitié d'une nappe ouvrée pour une fois payé
Item ordonne qu il soit donné a Joseph parant Son petit fils une vache ou quarante livres une fois payé […].
Heureusement, il s'agit d'une fausse alerte. Jeanne se remet de sa maladie et peut reprendre sa vie active.

Au cours de l’année 1706, sa santé décline. L'été passe mais elle sent ses forces l'abandonner. Le 18 novembre, elle demande qu'on aille chercher le notaire Duprac; elle veut refaire son testament. Le notaire écrit que Jeanne est « GiSSant au lict malade dans la dite maison En une chambre, Saine d'esprit memoire et Entendement ». Elle dicte ses dernières volontés. Il lui reste peu de biens à léguer. Elle lègue la somme de 100 livres au curé de sa paroisse pour des services et des messes basses à son intention et des sommes de 10 livres respectivement aux récollets, à la Congrégation de Québec et à Notre-Dame-de-Lorette pour qu'ils prient Dieu pour le repos de son âme. Elle donne à son fils Antoine « Son lict garni de deux draps un traversin une couverte et un toit de lict. » et souligne qu'on lui doit une somme de 50 livres associée à la succession de son père et de leur maison de Québec. Jeanne rappelle aux siens l'existence de son fils Claude en demandant que lui soit remise sa part de la succession de son mari et sa part des revenus de la maison de la Basse-Ville de Québec. Claude Parent a quitté la Nouvelle-France pour se fixer dans la région de Mobile, sur le golfe du Mexique. Cette région fait partie du territoire de la Louisiane. Enfin, elle nomme son ami Michel Lagrange à titre d'exécuteur testamentaire. 

Le lendemain, le notaire Duprac retourne chez Jeanne Badeau. Elle donne quittance finale à son fils Charles d'une somme de 300 livres en déduction de la somme de 4 200 livres engagée le 30 janvier précédent (2).

Jeanne Badeau ferme les yeux pour la dernière fois le 22 novembre 1706 et est portée en terre le lendemain.

1. BAnQ. Minutier de Jean-Robert Duprac, le 8 octobre 1702.
2. BAnQ. Minutier de Jean-Robert Duprac, le 18 novembre 1706.

vendredi 3 février 2012

Les Anglais devant Québec en 1690

Les événements de l’automne 1690 contribuent brutalement à rappeler aux habitants de la Nouvelle-France la fragilité de leur situation. En octobre, une flotte anglaise remonte le fleuve Saint-Laurent. Le mandataire des colonies de Massachusetts et de New York, William Phips, qui avait quitté Boston le 20 août, se présente devant Québec à la tête d'une flotte. Il veut chasser les Français de la Nouvelle-France. Les vaisseaux anglais jettent l'ancre devant la baie de Beauport le 16 octobre.

À Québec, quand la rumeur se répand qu’une flotte anglaise remonte le fleuve, on envoie un émissaire à Montréal pour alerter le gouverneur Frontenac. Frontenac avait quitté Québec en juillet. Frontenac écrit le 12 novembre suivant:
[…] je ne laissai pas d'arriver à Québec le 14 octobre, à 10 heures du matin, où j'appris que les ennemis […] étaient à sept lieues de Québec.
[…] le lundi (le 16 octobre), à l'aube du jour, ils doublèrent la pointe de Lévy et parurent à notre vue et dans notre rade au nombre de 34 voiles, dont il y avait 4 gros vaisseaux […] (1).

La situation est grave. La défense s'organise. Les habitants des quartiers de la Basse-Ville de Québec abandonnent leurs maisons. Phips somme Frontenac de capituler avant d’engager une vaine bataille On connaît cette célèbre réplique de Frontenac à l’émissaire anglais porteur d’une demande de reddition : « […] Je n’ai point de réponse à faire à votre général que par la bouche de mes canons et à coups de fusil […] »(2).

L'offensive anglaise connaît des ratés et piétine. Après avoir canonné la ville sans trop de succès, les Anglais tentent un débarquement. Ils choisissent le lieu connu sous le nom de la Canardière, c'est-à-dire non loin de la terre de Pierre Parent, à la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges. Même installés à terre, la situation des envahisseurs ne s'améliore pas. Par exemple, une quarantaine de séminaristes, sous les ordres de Nicolas Juchereau de Saint-Denis, réussissent à s'emparer de six canons ennemis placés sur les battures de Beauport. Rapidement désorganisés et voyant la saison avancée, les Anglais rembarquent dans la nuit du 21 au 22 octobre et s'en retournent, déconfits.

Québec l’a échappé belle. L’alerte a été vive. Pierre Parent et les siens ont vu des troupes anglaises piétiner le sol de la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges et ses habitants ont entendu les détonations des mousquets des combattants embusqués dans leur voisinage et le vacarme des canons qui pilonnaient Québec.

Après avoir repoussé les Anglais, la population de Québec célèbre la « Fête de la victoire » le 5 novembre, et on donne le nom de Notre-Dame-de-la-Victoire à une église en construction depuis 1688 et qu'on achèvera bientôt. L'alerte passée, les habitants de la région recommencent à s'activer.

L'attaque anglaise sur Québec donne l'occasion à Robert de Villeneuve, le cartographe du roi, d'illustrer cette action. Ce faisant, il reproduit les détails de la partie de la côte de Beauport correspondant à la partie sud de la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges, identifiant les emplacements habités et leurs propriétaires. La carte de Robert de Villeneuve procure une précieuse information généalogique sur les habitants de cette seigneurie en 1690. Sur sa carte, chaque emplacement est numéroté à partir de la rivière Beauport jusqu'à l'embouchure de la rivière Saint-Charles et, dans la légende, on trouve le nom des propriétaires associés aux numéros des emplacements. De plus, on identifie les habitants du lieu nommé le « Petit Village ».
Liste des habitants de la côte de la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges en 1690 selon la carte de Robert de Villeneuve

1. Château de Beauport où l'on prend la pierre pour bâtir
2. Pierre Parent père
3. Jacques Parent
4. Maison des Jésuites
5. Pierre Parent le fils
6. Veuve de Mathieu Choret
7. Michel Huppé
8. M. de La Durantaye
9. La veuve de Paul Chalifou
10. M. de Vitray
11. François Retor
12. Mademoiselle Denis
13. Étienne Lionnois
14. Timothée Roussel
15. Jean Le Normand
16. M. Charon où est la briqueterie
   
Les habitants du « Petit Village »
   
17. Joseph Rancourt
18. André Coudray
19. Jean Le Normand
20. M. de Saint-Siméon

1. Correspondance de Frontenac avec la Cour de France, 1672-1682, 1689-1698, lettre du 12 novembre 1690, Québec, 1929..
2. Relation par Charles de Monseignat de ce qui s'est passé de plus remarquable au Canada depuis le mois de novembre 1689 jusqu'au mois de novembre 1690. Archives nationales d'outre-mer (ANOM), COL C11A 11/fol.5-40. [En ligne: http://bd.archivescanadafrance.org/acf/search-acf.xsp]
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vendredi 27 janvier 2012

Deux associés, Charles Parent et sa mère

Charles Parent assume la relève de son père dans l'exploitation de la carrière de Beauport d’après le contrat qu'il passe avec sa mère le 2 mars 1704. Charles et sa mère, Jeanne Badeau, s'engagent envers Charlotte Françoise Juchereau comtesse de Saint-Laurent, épouse de François de la Forest, capitaine d’une compagnie des troupes du détachement de la marine de sa majesté, à fournir et à livrer toute la chaux nécessaire pour bâtir une dépendance du moulin à eau situé dans la paroisse Saint-Pierre de l'île d'Orléans, sur la rivière Ferrée.

Les exploitants de la carrière n'auront qu'à amener la chaux sur les berges de la rivière Beauport à l'endroit prévu pour les chargements où la dame Juchereau l'enverra chercher. La chaux devra être fournie au printemps et à l'été qui viennent. Charles et sa mère recevront la somme de 3 livres et 15 sols par pipe de chaux, mais acceptent d'être payés en marchandises. Ils recevront 80 minots de blé froment de deux qualités fort différentes, soit 50 minots à 45 sols le minot à prendre sur les terres de la dame Juchereau à Sainte-Famille de l'île d'Orléans et 30 minots du « Meilleur quy Se pourra trouver pour Semer de Semence de la Recolte de cette année a prendre en cette ville En la maison de la dte dame de la forest » au prix de 50 sols le minot. Et si jamais les 80 minots de blé payés ne couvrent pas la somme demandée, la somme restante sera payée en argent (1).

Mais Jeanne vieillit et elle doit admettre qu'elle ne possède plus l'énergie et la vivacité qui l'habitaient jadis. Ainsi, au début de l'année 1706, elle prend une décision très importante pour elle et toute sa famille. Elle vend toutes les terres de la famille à son fils Charles par un contrat passé devant le notaire Genaple. Cet acte notarié du 30 janvier contient des renseignements importants et uniques sur les acquisitions de terre réalisées par Pierre Parent.

Il s'agit d'une transaction majeure tant par le nombre de terres que par la somme d'argent impliqués, car Charles va débourser 4 200 livres et, sur cette somme, il paiera à ses frères et sœurs la part qui leur revient dans leur héritage. Il promet, de plus, de payer à sa mère une rente annuelle de 110 livres et ce, jusqu'à son décès. Charles se donne dix ans pour s'acquitter de sa dette (2).
  
Charles a épousé Marie-Anne Duprac, fille du notaire Jean-Robert Duprac et de Marguerite Vachon, le 7 janvier 1699, à Beauport.

1. BAnQ, Minutier de Louis Chambalon, le 2 mars 1704.
2. BAnQ, Minutier de François Genaple, le 30 janvier 1706.

vendredi 20 janvier 2012

Les biens fonciers de l’ancêtre Pierre Parent - partie 2

3- À Québec

Le 30 août 1662 (1) : Pierre Parent obtient du gouverneur d'Avaugour une concession sur la Place publique à la Basse-Ville de Québec où il pourra pratiquer son métier. Le 17 mars 1677, le tribunal de la prévôté de Québec reconnaît un statut particulier à Pierre Parent découlant des droits associés à la concession accordée par le gouverneur d'Avaugour en 1662 et ratifiée par la compagnie de la Nouvelle-France le 19 janvier 1663.

27 mars 1672 (2) : Jeanne Badeau, au nom de son époux Pierre Parent et en association avec Michel Lecourt, achète des marguilliers de la paroisse de L’Ange-Gardien un emplacement de terre de 25 pieds par 48 pieds situé au bas de la rue Sault-au-Matelot en la Basse-Ville de Québec.

18 avril 1681 (3) : Jeanne Badeau, au nom de son époux Pierre Parent, s’entend avec Antoine Caddé pour faire bâtir un pignon commun et un mur mitoyen entre leurs maisons situées rue Sault-au-Matelot.

28 mai 1684 (4) : échange de terrain entre Jeanne Badeau, au nom de son mari, et Marie Laurencé veuve d’Eustache Lambert. Marie Laurencé cède « vingt pieds de front Sur la rue du Sault au matelot Et de proffondeur huict toises vers le fleuve Sainct Laurent Ensemble le fournil qui eSt Sur ledt vingt pieds de front Et de ladte proffondeur » et, en retour, Jeanne Badeau cède « trente pieds de terre de large sur la place publique de cette baSSe ville Et douze de proffondeur ».

14 novembre 1688 (5) : Pierre et Jeanne engagent Guillaume Jourdain, maître maçon. Ils veulent faire reconstruire leur maison de la rue Sault-au-Matelot qui a été détruite par le feu au début de l’automne. Jourdain s'engage à élever le carré de cette demeure relativement imposante. L'édifice aura 45 pieds de longueur sur 30 pieds de largeur et s'élèvera sur trois étages. Il s'agit d'un projet ambitieux. Le contrat révèle les caractéristiques de la maison. L'épaisseur des murs variera de trois pieds à la base à deux pieds au dernier étage. De plus, la porte du premier étage de la maison du côté de la rue mesurera trois pieds et demi de largeur sur six pieds de hauteur et celle du côté de la galerie, trois pieds de largeur sur six pieds de hauteur. Quatre fenêtres de chaque côté de chacun des étages, soit quatre sur la rue et quatre vers la rivière éclaireront chacun des étages. Jourdain installera deux cheminées côte à côte ayant quatre pieds de jambage « EmbroSee de grande pierre de taille en granit».

4- Dans la seigneurie de Beauport

14 novembre 1671 (6) : Pierre Parent achète de Toussaint Giroux et Marie Godart, son épouse, une terre d’environ trois arpents de front et d’une profondeur indéterminée située au village Saint-Joseph, dans la seigneurie de Beauport, bordée d’un côté par Jacques Doublet dit Delisle et de l’autre, de terres non concédées. À une extrémité, la terre se termine à une portion de terre appartenant au seigneur de Beauport et à l’autre, à la ligne de séparation du village de Saint-Michel. Au XVIIe siècle, le terme village désigne les rangées successives de terres à l’intérieur de la seigneurie, c’est à dire un rang.

12 décembre 1672 (7) : Pierre Parent achète de Joseph Giffard, seigneur de Beauport, toute la terre qui reste à concéder à l’extrémité de sa concession, soit une terre d’environ trois arpents de front bordée d’un côté par la rivière Beauport et de l’autre, de la ligne seigneuriale des terres des jésuites. Elle avoisine à une extrémité le village de Saint-Joseph et à l’autre, à ses propres terres.

5- Ailleurs

24 septembre 1679 (8) : Pierre Parent achète pour son fils Pierre une terre située à l’île d’Orléans, de trois arpents de front sur le fleuve Saint-Laurent et d’une profondeur allant jusqu’à la moitié de l’île.

10 novembre 1688 (9) : Jeanne Badeau vend à Jacques Jahan dit Laviolette la terre située sur l’île d’Orléans qui a été achetée en 1679.

1. Jugements et délibérations du Conseil souverain, vol. II, Québec, 1886, p. 141.
2. BAnQ. Minutier de Romain Becquet.
3. BAnQ. Minutier de Michel Fillion.
4. BAnQ. Minutier de Gilles Rageot.
5. BAnQ. Minutier de Gilles Rageot.
6. BAnQ. Minutier de Paul Vachon.
7. BAnQ. Minutier de Paul Vachon.
8. BAnQ. Minutier de Gilles Rageot.
9. BAnQ. Minutier de Gilles Rageot.

vendredi 13 janvier 2012

Les biens fonciers de l’ancêtre Pierre Parent - partie I

1- La Côte-de-Beaupré

Le 16 juillet 1652 (1) : Il s’agit de la première concession de terre de Pierre Parent. Il obtient de Jean de Lauzon une concession située sur la côte de Beaupré. La concession, bordée par devant par le fleuve Saint-Laurent, mesure quatre arpents de front sur une profondeur allant jusqu’à une lieue et demie. Ses voisins de chaque côté de sa concession se nomment Jean Doyon et Jean Gagnon.

Le 10 mars 1653 (2) : Pierre Parent vend une partie de sa concession à Gilles Bacon. Il cède un arpent de terre de front sur une profondeur allant jusqu’à une lieue et demie. Il s’agit de l’arpent de terre longeant la propriété de Jean Doyon. Le 30 octobre 1653 (3) : Le contrat précédent devient caduc, car quand Pierre Parent vend à Mathieu Hubou sa concession de la côte de Beaupré, il cède les quatre arpents de front donnant sur le fleuve Saint-Laurent qu’il avait acquis en juillet 1652.

2- La seigneurie de Notre-Dame-des-Anges

Le 31 mai 1654 (4). Les jésuites cèdent une terre de 60 arpents en superficie à Pierre Parent. Il s’agit de la première terre achetée par Pierre Parent dans la seigneurie de Notre-Dames-des-Anges. Pierre ne conserve pas cette concession très longtemps, il la vend à Thiennette Deprés le 8 juillet 1659 (5) qui, plus de vingt ans plus tard, la cèdera à Jacques Parent, le fils aîné de Pierre Parent et de Jeanne Badeau, le 11 octobre 1680 (6).

Le 8 octobre 1656 (7) : Pierre Parent achète une petite chambre d’une maison qu’il partage avec Pierre Guillet dit Lajeunesse. Cette maison est située dans la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges. Le notaire précise que Pierre demeure dans cette seigneurie.

Le 7 octobre 1658 : Cet acte notarié passé devant le notaire Paul Vachon n’existe pas dans le minutier microfilmé de ce notaire placé aux archives nationales du Québec. Mais ce contrat est cité à deux reprises. Premièrement, il est mentionné le 16 octobre 1698 (8), dans l’inventaire des biens possédés par la communauté Parent-Badeau. Deuxièmement, on y fait référence le 30 janvier 1706 (9) lors de la vente des terres que possède Jeanne Badeau, veuve de Pierre, à son fils Charles. Heureusement, dans ce cas-ci, le notaire Genaple fournit un renseignement précieux. Il écrit que cette terre fut vendue à Pierre Parent par Zacharie Maheu et Toussaint Giroux le 7 octobre 1658 devant Paul Vachon, notaire. Maheu et Giroux l’avaient acquise le 30 juin 1654 (10).

Le 14 avril 1660 (11) : Pierre Parent acquiert des jésuites un petit morceau de terre de 16 perches « de terre desertées & en labour proche la Carrière » et avoisinant la terre de la veuve de Jacques Badeau, Anne Ardouin. Les termes de cette vente seront renégociés le 9 mars 1668 (12).

Le décès d’Anne Ardouin, le 11 octobre 1670, donne par voie d’héritage à Jeanne Badeau, le tiers de la terre de Jacques Badeau. D’un seul coup, cet héritage double la superficie des terres de Pierre Parent. Au fil des ans, il deviendra propriétaire de la totalité de la concession de son beau-père. Le 18 novembre 1670 (13) : Pierre Parent achète la part d’héritage de son beau-frère, Jean Badeau, soit une superficie d’un arpent de front sur seize arpents de profondeur. Le 8 février 1672 (14) : Pierre Parent devient propriétaire du dernier tiers de la succession de sa belle-mère. Il l’achète de son beau-frère, Jean de Rainville.

Le 18 mars 1685 (15) : Les jésuites vendent à Pierre Parent une superficie de terre de trois arpents de front par vingt arpents de profondeur qui longe la rivière Beauport; elle est bordée d’un côté à la terre de la veuve et des héritiers de Denis Avisse et de l’autre à la terre de Pierre Parent, l’acheteur.

1. BAnQ. Minutier de Guillaume Audouart.
2. BAnQ. Minutier de Claude Auber.
3. BAnQ. Minutier de Guillaume Audouart.
4. BAnQ. Fonds du ministère des Terres et Forêts, document E21,S64,SS5,SSS5,D12.
5. BAnQ. Minutier de Guillaume Audouart.
6. BAnQ. Minutier de Romain Becquet.
7. BAnQ. Minutier de François Badeau.
8. BAnQ. Minutier de Jean-Robert Duprac.
9. BAnQ. Minutier de François Genaple.
10. BAnQ. Minutier de François Badeau.
11. BAnQ. Minutier de Guillaume Audouart.
12. BAnQ. Minutier de Paul Vachon.
13. BAnQ. Minutier de Michel Fillion.
14. BAnQ. Minutier de Paul Vachon.
15. BAnQ. Minutier de Paul Vachon.

vendredi 6 janvier 2012

Suzanne Badeau, promise en mariage à l’âge de 7 ans

Jacques Badeau et sa famille sont arrivés en Nouvelle-France en 1647. Jacques Badeau, son épouse Anne Ardouin et leurs trois enfants – François, Jeanne et Jean – débarquent à Québec au mois d'août de cette même année (1). Anne Ardouin donne naissance à une fille le 18 août 1651; on la baptise du prénom de Suzanne le 3 septembre suivant. Malheureusement, Jacques Badeau ne connaîtra pas la joie de voir grandir sa fille et ses petits-enfants, car il rend l'âme le 17 août 1658.

Anne Ardouin, veuve depuis peu, prend une décision inusitée au début de l’été 1659. Ainsi, Jeanne Badeau apprend que le mariage de sa jeune sœur est prévu par sa mère et que ce projet sera officialisé par un contrat notarié. Le 1er mai 1659, le notaire Guillaume Audouart procède à la lecture du contrat de mariage par lequel sont fixées les conditions de l’union entre Suzanne Badeau, fille de Jacques Badeau et d’Anne Ardouin, et Mathurin Normandin, fils de Jean Normandin et de Marie Desmaisons, soldat en garnison à Québec (2). On peut être surpris d’un tel contrat car la future épouse n’a que 7 ans. Parmi les témoins qui assistent à cette lecture, notons la présence de Pierre Parent et Jeanne Badeau, de Jean Badeau, le frère aîné de Suzanne, du père Barthélémy Vimont, jésuite et, par-dessus tout, celle du « gouverneur et lieutenant général pour le Roy en la Nouvelle-France » Pierre de Voyer, chevalier et vicomte d’Argenson. Du côté du soldat Normandin, des soldats de la garnison de Québec agissent comme ses témoins

Pour des raisons inconnues, ce contrat sera annulé et ce mariage n’aura pas lieu. À l’âge de 14 ans, Suzanne Badeau épousera Jean de Rainville, le 26 juillet 1665, à Québec. Un mois auparavant, le 11 juin, sa mère avait fait préparer un contrat de mariage par le notaire Paul Vachon (3). Suzanne donne naissance à un fils qui sera prénommé Jean, le 23 août 1666. Un deuxième fils voit le jour le 18 octobre 1668. Cet enfant rend l’âme à l’âge d’un mois. Suzanne Badeau meurt à la fin de l’année 1669. On ne connaît pas la date exacte de son décès. Jean de Rainville se remarie. Il épouse Élisabeth de Laguéripière, fille de Jean de Laguéripière et de Gabrielle Bouteiller, le 26 octobre 1671, à Québec. Élisabeth de Laguéripière est une « fille du roi » qui est arrivée au Canada en 1671 avec une dot de 500 livres.

1. Michel Langlois, Dictionnaire biographique des ancêtres québécois (1608-1700), tome 1, Sillery, La Maison des ancêtres, 1998, p. 94.
2. BAnQ, Minutier de Guillaume Audouart, le 1er mai 1659.
3. BAnQ. Minutier de Paul Vachon, le 11 juin 1665.