vendredi 18 mai 2012

L'épidémie de 1703

À la fin de l’année 1702, une épidémie frappe la Nouvelle-France. On commence à s’alarmer au mois de novembre. Les ursulines de la ville de Québec commentent ainsi ces événements.
Sur la fin de novembre, la maladie commença dans la ville. Elle avait été apportée iic par un sauvage de la frontière. C’était une espèce de petite vérole accompagnée de plusieurs accidents fâcheux, et en moins de deux mois, l’on a compté plus de quinze cents malades, et entre trois et quatre cents morts. Les Messieurs du Séminaire furent les premiers atteints; tous leurs jeunes prêtres et ecclésiastiques, avec leurs séminaristes, tombèrent malades. Ils ont perdu trois de leurs jeunes ecclésiastiques et cinq de leurs écoliers. Les Pères Jésuites ont perdu le R.P. Crespieul, qui est mort de fatigue et de compassion de la misère publique, où il ne voyait point de remède, toute la ville n’étant plus qu’un hôpital-général. Les Récollets ont perdu deux pères et un frère; les Mères de l’Hôtel-Dieu, trois religieuses de chœur et une converse; l’Hôpital-Général, deux religieuses de chœur et une donnée. (1)
Selon Marcel Trudel, « en 1702 et 1703, l’épidémie de variole aurait causé, à Québec seulement, plus de 2 000 morts » (2). Ce chiffre avancé par Marcel Trudel peut paraître exagéré mais il révèle l’étendue de la dévastation causée par cette épidémie quand on sait que la population de la Nouvelle-France, en 1698, ne compte que 15 355 âmes (3). Pierre-Georges Roy parle plutôt de 400 sépultures, ce qui semble plus plausible (4). La maladie sème tristesse et désarroi dans la population de la grande région de Québec  et « On faisait aussi au dehors des prières publiques, telles que neuvaines de saluts, oraisons de quarante-heures et processions » (5).

Le fléau décime la population comme l’indique le nombre de sépultures dans les registres paroissiaux. Par exemple, à Québec, on enterre 46 personnes en 1701, 143 en 1702, 177 en 1703 et, en 1704, on assiste à un retour à la normale avec 34 inhumations. La terrible maladie atteint Beauport en 1703 car, en 1702, les registres comptent 7 enterrements comparativement à 65 en 1703 et 5 en 1704. Les statistiques le montrent : l’épidémie frappe durement Beauport. La plupart des membres des familles Parent qui demeurent à Beauport parviennent à échapper à l’épidémie mais on dénombre tout de même huit décès dont l’un de façon accidentelle. Ainsi, les décès chez Parent représentent 12,3 % des sépultures de Beauport en 1703.

Les familles des triplets Parent n’échappent pas au fléau et sont affectées par le décès de deux de leurs enfants. En effet, Jean Parent et son épouse, Marie-Françoise, perdent leur fils Simon le 16 février 1703 et, Étienne et Marie-Thérèse, un fils prénommé lui aussi Étienne, quatre jours plus tard. Paul Parent, fils de Pierre Parent et de Marguerite Baugis, meurt le 11 avril 1703, deux jours après sa naissance. La famille de Jacques Parent est aussi frappée par la maladie. Au dernier jour de 1702, un jeune homme dans la fleur de l’âge décède : il s’agit d’Henri Parent, leur fils âgé d’environ 23 ans. Cette série noire continue et, à l’automne 1703, Louise Chevalier,  son épouse, succombe le 28 septembre 1703. À son décès, il reste encore huit enfants d’âge mineur.
 
1. http://www.canadiana.org/view/34243/11
2. Marcel Trudel, Initiation à la Nouvelle-France, Montréal, Holt, Rinehart et Winston Limitée, Montréal, 1968, p. 241.
3. Recensements du Canada 1665 à 1871, Vol. IV, Ottawa, 1876, p. 40.
4. Pierre-Georges Roy, « Les épidémies à Québec », Bulletin des recherches historiques, vol. 49, 1943, p. 208.
5. http://www.canadiana.org/view/34243/11.

vendredi 11 mai 2012

Fiche familiale d’Étienne Parent, le triplet


Étienne Parent (Pierre Parent et Jeanne Badeau)
n 1674, Beauport ; d 22; s 23-8-1756, Beauport

m 1 : Marie-Thérèse Chevalier (René Chevalier et Jeanne Langlois), (contrat de mariage du 11-2-1696, notaire Jean-Robert Duprac),  février 1696, Beauport
n vers 1675, Beauport; d 16; s 17-8-1725, Hôtel-Dieu de Québec

1. Étienne
n 10; b 16-12-1696, Beauport; d 20; s 20-2-1703, Beauport

2. Joseph
n 20; b 21-9-1698, Beauport; d 27; s 27-1-1700, Beauport

3. Noël
n 24; b 24-9-1700, Beauport; d -; s 9-12-1700, Beauport

4. Marie-Geneviève
n 11; b 11-8-1702, Beauport; d 29; s 30-12-1776, Sainte-Marie-de-Beauce
m 18-11-1726, Beauport
Alexandre Lefebvre (Jean et Marie Crête)
n 10; b 10-8-1694, Beauport; d 21; s 22-3-1755, Sainte-Marie-de-Beauce

5. Josephte
n 2; b 2-6-1704, Beauport; d 15; s 15-4-1717, Beauport

6. Jeanne-Cécile
n 23; b 24-5-1706, Beauport; d 26; s 28-4-1789, Notre-Dame-de-Québec
m 1 : 3-1-1728, Beauport
Olivier Hugron, veuf Marguerite Pagé
n 24-11-1689, Redon, Bretagne; d -; s 27-1-1736, Notre-Dame-de-Québec

m 2 : 5-3-1737, Notre-Dame-de-Québec
Jean Charpentier (Gabriel et Marie Chevalier)
n France; d 14; s 15-4-1790, Notre-Dame-de-Québec

7. Étienne
n 12; b 12-5-1708, Beauport; d 5; s 7-3-1782, Ste-Marie-de-Beauce
m 28-8-1730, Beauport
Marie-Geneviève Lefebvre (Jean et Marie Crête)
n 4; b 4-1-1704, Beauport; d 12; s 14-7-1786, Ste-Marie-de-Beauce

8. Noël
n 24; b 24-2-1710, Beauport; d 11; s 11-10-1714, Beauport

9. Thérèse-Angélique
n 1; b 1-6-1713, Beauport; d 28; s 30-1-1798, L’Ange-Gardien
m 27-9-1734, Beauport
Ambroise Trudel (Jean et Louise Mathieu)
n 10; b 10-1-1708, L’Ange-Gardien; d 1; s 2-9-1790, L’Ange-Gardien

10. Pierre
n 19; b 19-11-1715, Beauport; d 13; s 14-10-1785, Varennes
m 22-9-1738, Notre-Dame-de-Québec
Marie-Louise Gagnon (Joseph et Marie-Anne Louineau)
n 9; b 10-9-1717, Notre-Dame-de-Québec; d 1; s 2-3-1789, Varennes

11. Michel
n 29; b 29-5-1717, Beauport; d 1; s 2-7-1717, Beauport

12. Marguerite
n 7; b 7-9-1720, Beauport; d 12; s 13-1-1726, Beauport


m 2 : Geneviève Trudel (Nicolas x Barbe Letartre), 28-4-1727, L’Ange-Gardien
n 2; b 2-3-1696, L’Ange-Gardien; d 12; s 13-1-1748, Beauport

1. Nicolas
n 7; b 7-1-1728, Beauport; d 9; s 11-2-1796, Beauport
m 19-1-1750, Beauport
Catherine Marcoux (André et Angélique Amelot)
n 17; b 17-12-1729, Beauport; d 24: s 26-2-1787, Beauport

2. Jean-Baptiste
n 6; b 6-7-1729, Beauport; d 7; s 8-8-1729, Beauport

3. Antoine
n 6; b 7-8-1730, Beauport; d 2; s 3-7-1777, Notre-Dame-de-Québec
m 1 : 18-4-1757, Notre-Dame-de-Québec
Marie-Madeleine Vallée (Jean et Marie-Madeleine Monjon)
n 10; b 10-11-1736, Beauport; d 13; s 14-7-1773, Notre-Dame-de-Québec

m 2 : 7-2-1774, Notre-Dame-de-Québec
Élisabeth Vachon dit Laminée (Louis et Élisabeth Campagna)
n 17; b 17-5-1739, Beauport; d 10; s 12-10-1790, Notre-Dame-de-Québec

4. Charles
n 4; b 4-11-1732, Beauport; d 4; s 8-10-1755, Laprairie

5. Louise-Geneviève
n 27; b 27-3-1734, Beauport; d 9; s 11-6-1802, Beauport
m 10-4-1758, Beauport
Alexandre Vallée (Nicolas et Marie-Louise Lefebvre)
n 30; b 30-12-1726, Beauport; d 17; s 19-8-1799, Beauport

6. Eustache
n 25; b 25-11-1735, Beauport; d 2; s 4-3-1802, Beauport
m 30-6-1761, Notre-Dame-de-Montréal
Marie-Amable Ménard (Louis et Ursule Demers)
n 20; b 20-4-1729, Notre-Dame-de-Montréal; d 29-6; s 1-7-1803, Notre-Dame-de-Montréal

7. Marie-Françoise
n 18; b 18-10-1737, Beauport; d 1; s 2-2-1738, Beauport

8. Anonyme
n 18; b 18-10-1737 (jumelle de Marie-Françoise); d 25; s 25-10-1737, Beauport

9. Jean-Marie
n 5; b 5-11-1739, Beauport; d 16; s 17-7-1817, Sainte-Marie-de-Beauce
m 5-2-1765, Beauport
Marie-Anne Barbeau (Joseph et Josephte Loiselle)
n 16; b 17-10-1743, Charlesbourg; d 13; s 15-7-1824, Sainte-Marie-de-Beauce

vendredi 4 mai 2012

Les triplets de Beauport et le travail de la pierre


La famille Parent décide de frapper à la porte de Claude Baillif et de profiter de son savoir-faire. Baillif est « l’entrepreneur en bâtiments le plus connu et le plus prolifique du XVIIe siècle» (1). Au mois d’avril 1687, Pierre Parent et Jeanne Badeau concluent un accord avec l’architecte de renom. Le 11 avril, Jeanne Badeau, au nom de son mari absent, et Claude Baillif se présentent chez le notaire Gilles Rageot. Le contrat spécifie que Jean Parent, âgé de 12 à 13 ans – étonnant de constater que les parents ne puissent pas être plus précis sur l’âge de leur enfant – deviendra apprenti chez Claude Baillif à partir du 1er juin prochain pour une durée de cinq ans. Baillif l’initiera aux métiers entourant le travail de la pierre. Plusieurs clauses de ce contrat fournissent un aperçu de la situation d’un très jeune apprenti. Premièrement, le jeune Parent aidera l’architecte au cours de la première année de son apprentissage selon les besoins exprimés par le maître. Lorsque l’apprenti aura acquis plus d’expérience, Baillif s’engage à le rémunérer. Il lui versera la somme de 150 livres tournois pour les deux dernières années d’apprentissage; ce salaire sera payé moitié en argent et moitié en billets payables en deux termes égaux. Tout au long de la durée du contrat d’apprentissage, l’architecte s’engage à nourrir et entretenir l’apprenti et à lui fournir tout son habillement (2). Jean Parent terminera son apprentissage âgé de 19 ans.

Jean n’est pas le seul triplet à profiter de la possibilité de devenir apprenti chez Claude Baillif. Au mois de juin 1692, l’architecte accepte de servir de mentor à un autre triplet, Étienne Parent. Le 22 juin, Jeanne Badeau se présente chez le notaire Louis Chambalon, une fois de plus sans son mari. Ici encore, elle ne donne pas précisément l’âge de son fils; elle déclare qu’Étienne est âgé de 16 à 17 ans. Pour la signature de ce contrat d’engagement, elle est accompagnée d’un de ses fils, André, qu’elle qualifie comme « L’un de Ses enfans principal Conducteur de leur famille », et de Joseph Rancourt, son gendre. Dans ce cas-ci, le contrat d’apprentissage aura une durée de trois ans.

Baillif promet de lui enseigner et de lui montrer à tailler la pierre et à effectuer des travaux de maçonnerie. L’architecte s’engage à nourrir, loger et blanchir l’apprenti pendant la durée du contrat et de lui payer un salaire. Étienne Parent recevra une somme de 60 livres la première année, 80 livres la deuxième année et 100 livres pour la dernière année (3). Les clauses d’apprentissage d’Étienne sont plus avantageuses que celles de Jean mais leur situation est très différente. Il faut considérer dans ce dernier cas que l’apprenti est plus âgé et qu’il possède vraisemblablement quelques rudiments des métiers se rapportant au travail de la pierre.

La situation que vivent les frères Parent correspond à celle de la plupart des apprentis en Nouvelle-France. Indépendamment du métier, la durée moyenne d’un apprentissage est de trois ans et trois mois et, chez les maçons, elle est de trois ans et six mois. Si le profil type d’un apprenti maçon s’applique mieux à Étienne quant à l’âge, il en est tout autrement pour Jean tant par son âge – l’âge moyen d’un apprenti maçon est de 17 ans et 11 mois – que par le salaire qu’il reçoit qui est nettement inférieur au salaire moyen reçu par ce type d’apprenti soit de 60 livres par an. Toutefois, le jeune âge de Jean fait en sorte qu’il participe peu ou pas aux lourds travaux que demande le travail de la pierre pendant les trois premières années de son apprentissage et explique le fait que son maître ne lui paie pas de salaire durant cette période. En général, les apprentis plus jeunes vivent un apprentissage plus long que les apprentis plus âgés (4).

Pendant que Jean et Étienne s’initient aux secrets de la construction en travaillant la pierre, on ne sait rien de ce que fait leur frère jumeau Joseph. Aucun acte notarié ou autres documents permettent d’affirmer qu’il a suivi le même chemin que ses frères. Cependant, le métier qu’il exercera au cours de sa vie laisse supposer qu’il a lui aussi appris le métier de maçon et qu’on lui a enseigné l’art de construire avec de la pierre. Il est bien possible qu’il soit devenu apprenti sans qu’un contrat notarié officialise son statut. Il faut signaler que Joseph est le seul des triplets à savoir signer son nom.

1. Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 1966, p. 76.
2. BAnQ, Minutier de Gilles Rageot, le 11 avril 1687.
3. BAnQ, Minutier de Louis Chambalon, le 22 juin 1692.
4. Jean-Pierre Hardy et David-Thiery Rudel, Les apprentis artisans à Québec 1660-1815, Québec, Les Presses de l’Université du Québec, 1977, p. 40-47.

vendredi 27 avril 2012

Des familles liées : Parent, Bélanger et Chevalier


Le mariage du triplet Étienne Parent avec un membre de la famille Chevalier met en relief les liens serrés qui unissent ces deux familles, puisque quatre enfants Parent ont épousé, sur une période de 18 ans, quatre enfants Chevalier nés du mariage entre René Chevalier et Jeanne Langlois (tableau 1). René Chevalier et Jeanne Langlois se sont mariés le 9 janvier 1656, à Beauport. René Chevalier est décédé à la fin des années 1670 et son épouse en 1687, tous deux à Beauport. On ne connaît les dates exactes de leur décès.

Il y a également une autre famille de Beauport intimement liée à la famille Parent : celle de Nicolas Bélanger et Marie de Rainville Nicolas Bélanger a épousé Marie de Rainville le 11 janvier 1660, à Québec; il meurt le 19 octobre 1682, à Beauport. La veuve de Rainville ne se remariera pas. Sa fille Marie Bélanger, veuve d’Ignace Choret, unit sa destinée à celle de Jacques Parent, veuf de Louise Chevalier; Marie est née le 19 octobre 1668. Deux des triplets – Jean et Joseph – ont épousé deux des filles Bélanger : Marie la cadette qui est née vers 1678 et Marie-Françoise, née le 13 octobre 1680 (tableau 2).
Tableau 1
Mariages entre les enfants des familles Parent et Chevalier

Enfants de Pierre Parent et Jeanne Badeau
Enfants de René Chevalier et Jeanne Langlois
Mariages



Jacques
Louise
1-2-1677, Beauport
Michel
Jeanne
24-11-1692, Beauport
Charlotte
Michel
10-1-1695, Beauport
Étienne
Marie-Thérèse
?-2-1696, Beauport





  
Tableau 2
Mariages entre les enfants des familles Parent et Bélanger

Enfants de Pierre Parent et Jeanne Badeau
Enfants de Nicolas Bélanger et Marie de Rainville
Mariages



Jacques (2e mariage)
Marie (2e mariage)
9-11-1705, Beauport
Jean
Marie-Françoise
?-2-1696, Beauport
Joseph
Marie
?-2-1696, Beauport




 

vendredi 20 avril 2012

Les triplets Parent se marient


Au début de 1696, Étienne, Jean et Joseph Parent viennent d’avoir 21 ans et ils songent à fonder une famille. Les triplets Parent ne font pas les choses à moitié. La vie les a liés et ils l’assument. Au mois de février 1696, ils décident de se marier tous les trois en même temps. Tous les trois ont choisi d’épouser des filles de Beauport. Les préparatifs du mariage triple sont enclenchés dans une grande effervescence. Des triplets qui se marient le même jour! Dans les étapes à remplir pour en arriver au jour des mariages, il faut procéder à celle de la rédaction des contrats de mariage. Le samedi 11 février 1696, le notaire Jean-Robert Duprac connaît une journée chargée.

Tout d'abord, le notaire se présente chez Jacques Parent qui est le voisin immédiat de son père. Jacques accueille son jeune frère Étienne, plusieurs membres de sa famille et de celle de Marie-Thérèse Chevalier, la future épouse de son frère et la plus jeune des sœurs de son épouse Louise. Comme les parents de Marie Chevalier – René Chevalier et Jeanne Langlois – sont décédés depuis plusieurs années, c'est Louise Chevalier qui ouvre les portes de sa demeure à sa famille pour cette occasion. Louise est la fille aînée des enfants Chevalier et, à ce titre, elle joue le rôle d’hôtesse pour la cadette de la famille

Le mariage des triplets est un événement social d’envergure et des témoins importants se sont déplacés pour l’occasion. On peut difficilement l’imaginer mais, pour la signature du contrat de mariage entre Étienne Parent et Marie-Thérèse Chevalier, la maison de Jacques Parent accueille une foule impressionnante. On doit souligner la présence du comte de Frontenac, gouverneur et lieutenant général de la Nouvelle-France, de l’intendant Bochart de Champigny et de Charles de Monseignat, secrétaire du gouverneur. À ces dirigeants, il faut ajouter les frères des mariés, soit Jacques, Pierre, André, Jean l'aîné, Étienne, Jean, Michel, Claude, Charles et Antoine Parent. Les beaux-frères et leurs épouses, sauf Michel Chevalier et son épouse, Charlotte Parent, participent à la séance : ce sont Joseph Rancourt et Marie Parent, Jean Baugis et Jeanne-Thérèse Parent, et Jacques Avisse et Geneviève Parent. Pour compléter le portrait, les neveux René et Henri Parent, fils de Jacques Parent et Louise Chevalier, de Noël Vachon et, enfin, de Pierre Vachon, sieur des Fourchettes « commandant des habitants du dit beauport »assistent à l’événement. Les frères Vachon sont les cousins germains de la mariée.

Ce contrat terminé, le notaire Duprac se déplace à Beauport chez Marie de Rainville, veuve de Nicolas Bélanger. Deux de ses filles vont épouser deux des triplets. Joseph Parent va épouser Marie Bélanger et Jean Parent, Marie-Françoise. Ainsi, la quasi-totalité des témoins présents chez Jacques Parent traversent la rivière Beauport et accompagnent l’assemblée pour la suite des événements, notamment le comte de Frontenac, l’intendant Champigny et de Monseignat. À cet aréopage, il faut ajouter les frères des mariés, leurs beaux-frères et leurs épouses, encore une fois sauf Michel Chevalier et Charlotte Parent, son épouse, et les membres de la famille Bélanger, soit les frères des mariées : Pierre l’aîné, Pierre le cadet, Nicolas et Paul Bélanger, leur sœur Marie, épouse d’Ignace Choret, leurs beaux-frères, Étienne Souet et Jean Giroux, et Jean Souet, leur neveu. Pierre Parent et Jeanne Badeau promettent selon les termes des contrats de mariage, de donner, en trois termes égaux, la somme de 300 livres à chacun des triplets. Des triplets, seul Joseph signe son nom.

Les mariages des triplets sont célébrés peu après mais on ne connaît pas la date exacte du triple mariage.

vendredi 13 avril 2012

Pierre Parent face à la justice

En plus des études des notaires, Pierre Parent et son épouse ont visité à de nombreuses reprises les trois cours de justice de la région de Québec : le Conseil souverain, la prévôté de Québec et le bailliage de la seigneurie Notre-Dame-des-Anges. Le plus haut tribunal du pays reçoit les plaidoiries de Pierre Parent ou de son épouse à 11 occasions, celui de la prévôté à 105 reprises et le couple Parent-Badeau fait appel au tribunal seigneurial 13 fois. Devant ces différents tribunaux, Pierre se fait représenter par son épouse dans près de 60 % de ces causes. Du 29 mars 1664, date de sa première apparition en cour devant le Conseil souverain, au 18 juillet 1698, date d'une comparution de Jeanne Badeau représentant son mari, devant le tribunal de la prévôté, Pierre Parent et Jeanne Badeau ont porté plainte ou ont été assignés à 124 reprises, soit une moyenne de trois fois par année. Après la mort de Pierre Parent en 1698, Jeanne Badeau se présente devant les tribunaux à cinq autres occasions. Le couple Parent-Badeau ne craint pas de soumettre un différend à la justice.

Voici quelques exemples de chicanes ou de conflits d’affaires qui ont abouti devant un tribunal.

Au tribunal de la prévôté de Québec, le 3 août 1668, Jean de La Rue veut que Pierre Parent, qui est représenté par son épouse, lui reprenne une vache qu’il a obtenue en échange avec la garantie que « Certain mal paroissoit ne Seroit rien ».

Le samedi 29 octobre 1678, devant ce même tribunal, Pierre Parent est le demandeur dans une cause contre Jacques Galarneau. Pierre est représenté par son épouse. Le demandeur affirme que le chien de Galarneau a mangé cinq de ses « poulets dindes ». Galarneau, à la suite de la plainte qu’a faite un des fils Parent, a tué son chien. Galarneau est condamné aux dépens.

Le 10 octobre 1686, au tribunal seigneurial de la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges, Pierre Parent doit se défendre contre Claude Baillif, architecte. Parent doit payer la somme de 39 livres pour un cheval que lui a vendu Baillif

Le 25 janvier 1696, à la prévôté de Québec, le demandeur Guillaume Guillot, boucher de Québec,  poursuit Pierre Parent. Celui-ci est représenté par Jeanne Badeau «  faisant les affaires de leur maison » selon les termes du procès-verbal de cette affaire. Guillot demande la somme de 12 livres restantes pour les « testes et fressures de bœufs fournies et livrées » à Jeanne Badeau et 5 livres pour le loyer d’une vache. Le dictionnaire Furetière donne la définition suivante au mot fressure : « Parties intérieures de certains animaux comme le foie, le cœur, la rate, le poumon, prises ensembles ». Jeanne Badeau dit qu’elle ne croit pas lui devoir une telle somme. Geneviève Trepagny, l’épouse de Guillot, avait rencontré Jeanne Badeau au sujet d’une vache qui leur appartenait et qu’ils cherchaient. Jeanne admet avoir cette vache dans son étable de puis trois semaines, mais Guillot n’est pas sûr que ce soit la sienne. Il semble que Pierre Parent ait hébergé la vache appartenant à Guillot pendant tout un hiver et qu’il l’a gardée deux mois dans ses pâturages. La femme de Guillot retourne chercher la vache et demande à Jeanne ce qu’il va leur en coûter. Jeanne demande la somme de 23 livres pour « l’hivernement », le pâturage et les soins prodigués à la vache. La femme de Guillot juge cette somme beaucoup trop élevée et dit à Jeanne de garder l’animal et de lui remettre une somme de 100 sols. De cette somme, la somme de 12 livres réclamée par Guillot, serait déduite. Pour conclure cette affaire, la femme Guillot devra revenir devant le tribunal.

À ce même tribunal, le 23 novembre 1691, André Parent comparaît pour son père, défendeur, contre Charles Amiot, maître de barque, demandeur. Un mois auparavant, Amiot a livré une barrique d’anguilles à Pierre Parent pour une somme de 40 livres. Parent prétend que la barrique d’anguille ne vaut rien du tout « sauf a faire manger aux porcs ». Amiot réplique qu’il n’a pas garanti la qualité de la barrique d’anguilles en la vendant et que c’est Jean Marsolet et non lui qui a décidé de la vendre et il les croyait de bonne qualité. Comme Pierre a attendu un mois avant de porter plainte, le tribunal considère qu’il doit bel et bien payer les 40 livres à Amiot.

Globalement, Pierre ou son épouse se présentent devant l’un des trois tribunaux de la région de Québec à plus de 130 occasions entre 1667 et 1706, année du décès de Jeanne Badeau.

vendredi 6 avril 2012

Pierre Parent et le séminaire de Québec

Pierre Parent et Jeanne Badeau ont fréquemment travaillé avec le séminaire de Québec. Au cours de la décennie 1670, Pierre leur a fourni de la viande fraîche. Le livre de comptes du séminaire de Québec témoigne de cette activité. Dans ce livre, les gens du séminaire inscrivent les sommes dues à leurs fournisseurs et les sommes à récupérer de leurs débiteurs.

Pour l’année 1677, voici un extrait d’une des pages concernant Pierre Parent.

Pour 140 livres de viande depuis le 20 juillet jusqu’au 31, il est du une somme de 122 livres et 8 sols à Pierre Parent. Pour la quantité de 270 livres de viande au 3 août, une somme de 49 livres et 17 sols. Pour trois voyages de chaloupes jusqu’au 8 juillet, on lui doit une somme de 21 livres. Pour deux cordes de bois fournies au cours de l’hiver, on lui doit une somme de 8 livres. Pour 15 taureaux tournés en hiver et ce printemps, une somme de 30 livres est demandée par le boucher Parent. Pour une pinte de vin par ordre de Gervais Baudoin, chirurgien, le séminaire lui doit une somme de 10 sols. Du 7 août jusqu’au 7 septembre, Pierre Parent livre 2 276,5 livres de viande pour une valeur de 500 livres, 3 sols et 6 deniers. En 1677, ceci signifie que les gens du séminaire paie la somme de près de 5 sols pour une livre de viande. Pour 40 toises de pierre fournies jusqu’au 19 septembre, on doit à Pierre la somme de 100 livres et pour un voyage de pierre le 30 août, 2 livres.

Pour cette même année, voici un extrait de ce que Pierre Parent doit au séminaire de Québec. Pour un pain, on lui demande la somme de 15 sols. Pour six pots d’huile à brûler, il lui en coûte la somme de 6 livres, le 4 mai, pour deux minots de blé, la somme de 9 livres, le 5 mai, pour trois pots et trois demi-setiers d’eau-de-vie, la somme de 6 livres et pour une pinte vinaigre, la somme de 8 sols. Cette liste comprend aussi de nombreux billets dans lesquels Pierre Parent reconnaît devoir diverses sommes d’argent à des concitoyens. Par exemple, le 18 juin, il a signé un billet de 100 francs à Joseph Macé Gravel, habitant de la Côte-de-Beaupré.

Pour Pierre Parent, dans le livre de comptes su séminaire de Québec, le bilan de l’année 1677 se conclut par une somme due de 95 livres.

Pour se faire une idée de la valeur de toutes ces transactions réalisées par Pierre Parent, le livre de comptes du séminaire fournit une indication des salaires versés à des artisans à leur arrivée en Nouvelle-France. Jacques Langlois, tailleur, engagé au Séminaire de Québec le 21 septembre 1679, le jour de son arrivée, recevra un salaire de 100 livres par an. Deux ans plus tard, Langlois épouse Marie-Thérèse Lessard, fille d’Étienne Lessard et de Marguerite Sevestre, le 8 novembre 1681, à Sainte-Anne-de-Beaupré.

Michel Leblond dit le Picard, menuisier, engagé au Séminaire de Québec pour 3 ans le 21 septembre 1675, le jour de son arrivée à Québec. Il gagne 45 écus (135 livres) par an. Il épouse Anne-Charlotte Leroux, fille d’Hubert Leroux et de Marie Vanzèque, le 25 septembre 1687, à Montréal.

Claude Baillif, tailleur de pierre, engagé pour 3 ans dès le 22 septembre 1675, jour de son arrivée à Québec. Il gagne 60 écus par an. Il épouse Catherine Saintard, à Paris, à une date inconnue. Il deviendra un des plus importants architectes et entrepreneurs en construction de la ville de Québec.