vendredi 6 avril 2012

Pierre Parent et le séminaire de Québec

Pierre Parent et Jeanne Badeau ont fréquemment travaillé avec le séminaire de Québec. Au cours de la décennie 1670, Pierre leur a fourni de la viande fraîche. Le livre de comptes du séminaire de Québec témoigne de cette activité. Dans ce livre, les gens du séminaire inscrivent les sommes dues à leurs fournisseurs et les sommes à récupérer de leurs débiteurs.

Pour l’année 1677, voici un extrait d’une des pages concernant Pierre Parent.

Pour 140 livres de viande depuis le 20 juillet jusqu’au 31, il est du une somme de 122 livres et 8 sols à Pierre Parent. Pour la quantité de 270 livres de viande au 3 août, une somme de 49 livres et 17 sols. Pour trois voyages de chaloupes jusqu’au 8 juillet, on lui doit une somme de 21 livres. Pour deux cordes de bois fournies au cours de l’hiver, on lui doit une somme de 8 livres. Pour 15 taureaux tournés en hiver et ce printemps, une somme de 30 livres est demandée par le boucher Parent. Pour une pinte de vin par ordre de Gervais Baudoin, chirurgien, le séminaire lui doit une somme de 10 sols. Du 7 août jusqu’au 7 septembre, Pierre Parent livre 2 276,5 livres de viande pour une valeur de 500 livres, 3 sols et 6 deniers. En 1677, ceci signifie que les gens du séminaire paie la somme de près de 5 sols pour une livre de viande. Pour 40 toises de pierre fournies jusqu’au 19 septembre, on doit à Pierre la somme de 100 livres et pour un voyage de pierre le 30 août, 2 livres.

Pour cette même année, voici un extrait de ce que Pierre Parent doit au séminaire de Québec. Pour un pain, on lui demande la somme de 15 sols. Pour six pots d’huile à brûler, il lui en coûte la somme de 6 livres, le 4 mai, pour deux minots de blé, la somme de 9 livres, le 5 mai, pour trois pots et trois demi-setiers d’eau-de-vie, la somme de 6 livres et pour une pinte vinaigre, la somme de 8 sols. Cette liste comprend aussi de nombreux billets dans lesquels Pierre Parent reconnaît devoir diverses sommes d’argent à des concitoyens. Par exemple, le 18 juin, il a signé un billet de 100 francs à Joseph Macé Gravel, habitant de la Côte-de-Beaupré.

Pour Pierre Parent, dans le livre de comptes su séminaire de Québec, le bilan de l’année 1677 se conclut par une somme due de 95 livres.

Pour se faire une idée de la valeur de toutes ces transactions réalisées par Pierre Parent, le livre de comptes du séminaire fournit une indication des salaires versés à des artisans à leur arrivée en Nouvelle-France. Jacques Langlois, tailleur, engagé au Séminaire de Québec le 21 septembre 1679, le jour de son arrivée, recevra un salaire de 100 livres par an. Deux ans plus tard, Langlois épouse Marie-Thérèse Lessard, fille d’Étienne Lessard et de Marguerite Sevestre, le 8 novembre 1681, à Sainte-Anne-de-Beaupré.

Michel Leblond dit le Picard, menuisier, engagé au Séminaire de Québec pour 3 ans le 21 septembre 1675, le jour de son arrivée à Québec. Il gagne 45 écus (135 livres) par an. Il épouse Anne-Charlotte Leroux, fille d’Hubert Leroux et de Marie Vanzèque, le 25 septembre 1687, à Montréal.

Claude Baillif, tailleur de pierre, engagé pour 3 ans dès le 22 septembre 1675, jour de son arrivée à Québec. Il gagne 60 écus par an. Il épouse Catherine Saintard, à Paris, à une date inconnue. Il deviendra un des plus importants architectes et entrepreneurs en construction de la ville de Québec.

vendredi 30 mars 2012

La fin tragique d'André Parent

Que s’est-il passé le 15 juillet 1699 sur le fleuve Saint-Laurent dans la barque que pilotait André Parent? Une fausse manœuvre, une imprudence, un coup de vent, du gros temps imprévu, l’histoire ne le dit pas. Ce qu’on sait toutefois est dramatique. Le 16 juillet, on découvre les cadavres de Marguerite-Ursule Chapleau et d’André Parent sur les berges du fleuve Saint-Laurent. Marguerite-Ursule Chapleau est l’épouse de Noël Marcou. Ce dernier, fils de Pierre Marcou et de Marie de Rainville, l’avait épousée le 17 novembre 1698, à Québec. Elle n’a que 23 ans et le couple n’a pas d’enfant.

Les actes de sépultures des deux victimes inscrits dans les registres de la paroisse de Beauport indiquent que l’un et l’autre sont morts noyés le 15 juillet et que les corps ont été repêchés le lendemain sur la grève.
Le dix septieme juillet mil six cent quatre vingt dix neuf par moy soussigné curé de Beauport a été enterré André Parent habitant du dit lieu lequel s’étant noyé le quinze du dit mois fut trouvé le seizieme et amené icy par l’ordre du juge des lieux de la Seigneurie de Notre Dame des Anges du ressort duquel est le lieu ou s’étoit noyé le dit desfunt. Présens au dit enterrement Vincent Vachon dit La Minée et Pierre Vachon Desfourchettes tous du dit Beauport soussignés
Vachon Desfourchettes     Vincent Vachon     E Boullard
 Le seizieme Juillet mil six cent quatre vingt dix neuf par moy soussigné curé de Beauport au cimetiere du dit lieu a été enterré Marguerite Ursule Chapeleau femme de Noel marcou habitant du dit lieu Laquelle ayant vecu chretiennement s’étoit noyée le jour precedent dans la grande Riviere et a été decouverte sur cette greve le dit jour seizieme d’où elle a été enlevée par ordre du Juge pour etre apportée icy et y estre inhumée Presens au dit enterrement Vincent Vachon La Minée et Pierre Vachon Desfourchettes tous du dit Beauport soussignés 
Vachon Desfourchettes    Vincent Vachon     E Boullard
Le décès prématuré d’André Parent, âgé de 36 ans, laisse orphelins de père trois jeunes enfants : Marie-Jeanne qui est âgée de 3 ans, François qui a 2 ans et André, âgé de 7 mois. On peut facilement imaginer le fardeau qui tombe inopinément sur les épaules de la jeune veuve de 26 ans. Naturellement, elle est nommé tutrice de ses jeunes enfants et son beau-frère, Michel Chevalier, subrogé tuteur.

Leurs deuils passés, Marguerite Côté, jeune veuve, et Noël Marcou, jeune veuf d’environ 25 ans lors de la tragédie, songent à se remarier. Et le destin fait qu’ils se choisissent mutuellement comme mari et femme. Noël Marcou épouse Marguerite Côté le 1er février 1701, à Beauport. De cette union naîtront cinq enfants. La naissance du cinquième enfant est fatidique pour la mère et le nouveau-né. Le bébé, prénommé Monique, meurt le 1er mars 1709, deux jours après sa naissance, et la mère rend l’âme le lendemain. Le service funèbre de la mère et de sa fille est chanté le lendemain dans l’église de Beauport.

vendredi 23 mars 2012

André Parent, boucher, navigateur et chaufournier

Au début de sa vie adulte, André Parent pratique le métier de boucher. Par la suite, il participe activement à la production et à la livraison de chaux, une des activités importantes de la famille Parent. En plus, il navigue sur le fleuve Saint-Laurent.

Avant son mariage, André suit les traces de son père. Par exemple, le 11 avril 1687, quand il signe un marché de maçonnerie avec Claude Baillif, le notaire spécifie qu’il pratique le métier de boucher et qu’il habite rue Sault-au-Matelot, à Québec (1). De plus, il collabore étroitement avec sa mère dans l’exploitation de la carrière Parent et dans la production de chaux. Ses parents lui confient beaucoup de responsabilités dans la conduite des affaires de la famille; ils le considèrent comme le principal assistant dans l’administration du bien familial. Le 22 juin 1692, sa mère signe le contrat d’engagement de son frère Étienne en tant qu’apprenti du réputé architecte et entrepreneur en construction qu’est Claude Baillif. Lors de la signature du contrat, Jeanne Badeau est accompagnée de son fils André qu’elle qualifie d’un « de ses enfans principal conducteur de leur famille » et de Joseph Rancourt, maître charpentier de Beauport et de Québec (2).

Le 29 septembre 1692, le notaire Chambalon rédige le contrat de mariage qui régira l’union entre André Parent et Marguerite Côté, fille de Martin Côté et de Suzanne Pagé. Cet acte notarié fournit un précieux renseignement qui confirme son changement de métier : André Parent est navigateur (3). Un mois plus tard, une bonne partie des personnes présentes à la lecture du contrat de mariage se rendent à l’église de Saint-Pierre, île d’Orléans, pour assister à la cérémonie nuptiale.

En 1693, André et sa nouvelle épouse s’installent définitivement à Beauport. Le 12 juillet, Ils achètent de Martin Mathieu, habitant de Saint-Pierre, île d’Orléans, et de Jean Côté, veuf d’Anne Couture, de la même paroisse, une terre en la seigneurie de Beauport qui mesure trois arpents de front sur le fleuve Saint-Laurent et de profondeur telle qu’elle existe alors jusqu’aux terres non concédées. Dans cet acte notarié, André est qualifié de navigateur (4).

Le livre de comptes du séminaire de Québec donne un aperçu de l’activité de navigation d’André. Ainsi, pour les années 1693 et 1694, il réclame des sommes d’argent pour des activités liées à la navigation au service du séminaire de Québec. En association avec Joseph Rancourt, il a effectué des voyages avec leur barque au cours de l’année 1693 et, pour ce travail, le séminaire de Québec lui doit la somme de 105 livres. En 1694, il effectue encore plus de voyages pour le séminaire, et la somme due atteint 242 livres (5).

Le 18 mars 1698, Il passe un marché avec les frères Joseph et Jean Maillou, maçons et entrepreneurs en construction de Québec. André Parent, marchand de chaux de Beauport, s’engage à fournir aux frères Maillou toute la chaux qui leur sera nécessaire pour la construction des travaux et ouvrages de maçonnerie qu’ils ont entrepris et pourront faire dans tout le cours du printemps, de l’été et de l’automne suivant (6).

1. BAnQ. Minutier de Gilles Rageot.
2. BAnQ, Minutier de Louis Chambalon.
3. BAnQ. Minutier de Louis Chambalon.
4. BAnQ. Minutier de Louis Chambalon.
5. BAnQ. Livres de comptes C4 du séminaire de Québec.
6. BAnQ. Minutier de François Genaple.

vendredi 16 mars 2012

André Parent, aventurier

André Parent est né le 4 décembre 1662. Il est le quatrième enfant de Pierre Parent et Jeanne Badeau.

Le 24 février 1684, devant le notaire Gilles Rageot, André Parent s’engage avec trois amis de Beauport comme voyageurs auprès des marchands François Pachot et François Hazeur, directeurs de la compagnie de la baie d’Hudson (1). Ses trois compagnons de voyage sont Jacques Huppé, Jean Normand et Pierre Choret. Quant à l’entreprise avec laquelle ils signent l’engagement, celle-ci a été fondée à Québec par les principaux marchands de la Nouvelle-France et est plutôt connue sous le nom de compagnie du Nord. Il ne faut surtout pas confondre cette entreprise avec la Hudson’s Bay Company fondée en Angleterre en 1670. En revanche, les deux compagnies étaient alors en compétition pour mettre la main sur le riche réservoir de fourrures de la baie d’Hudson. Le voyage pour s’y rendre s’échelonne sur plusieurs centaines de kilomètres depuis Québec en descendant le Saint-Laurent, en longeant la côte du Labrador pour enfin atteindre et traverser la baie d’Hudson d’est en ouest.

Le contrat précise que l’expédition se rendra au fort Nelson, sur la baie d’Hudson. L’engagement des quatre jeunes hommes commencera le jour où le vaisseau gréé pour cette expédition fera voile vers sa destination. Les quatre jeunes hommes s’engagent à « canotter, charpenter, chasser, aller Et venir aux nations des Environs » selon les ordres de leur commandant. Ils recevront 300 livres pour chaque année de leur contrat d’une durée illimitée.

André et ses amis sont jeunes et ont le goût de l’aventure comme plusieurs de leurs concitoyens. Aussi, un tel engagement est une façon de faire de l’argent rapidement et d’assurer un bon départ dans la vie. André, le plus jeune du groupe, a 21 ans. Jacques Huppé, fils de Michel Huppé et de Madeleine Roussin, a 22 ans; il est né le 28 avril 1661. Jean Normand, fils de Jean Normand et d'Anne Lelaboureur, vient d’avoir 23 ans; il a vu le jour le 23 janvier 1661. Enfin, Pierre Choret, fils de Mathieu Choret et de Sébastienne Veillon, serait né vers 1662; il aurait environ 23 ans.

Leur engagement prend tout son sens deux semaines plus tard quand le gouverneur de la Nouvelle-France, Antoine Lefevre de La Barre, décrète l’envoi d’hommes à la baie d’Hudson. Le 9 mars 1684 le gouverneur émet une ordonnance à François Pachot et François Hazeur qui leur permet d’expédier une barque à l’habitation de la rivière Nelson pour y porter des secours aux Français qui y sont installés (2) :
[…] ordonnons aux sieurs Pachot et Hazeur directeurs de ladite compagnie d’expedier promptement une barque de quarante à cinquante tonneaux pour aller porter à ladite habitation de la riviere de Nelson le secours d’hommes, vivres, munitions de guerre et marchandises necessaires pour le soustien et conservation d’icelle […]
L’expédition pour le fort Nelson composée d’un petit navire et d’une barque quitte Québec à la fin du mois de juin 1684 (3).

André Parent épouse Marguerite Côté, fille de Martin Côté et de Suzanne Pagé, le 29 octobre 1692, à Saint-Pierre, île d’Orléans

1. BAnQ, Minutier de Gilles Rageot, le 24 février 1684.
2. Pauline Dubé, La Nouvelle-France sous Joseph-Antoine Le Febve de la Barre 1682-1685, Lettres, Mémoires, instructions et ordonnances, Québec, Septentrion, 1993, p. 129.
3. Ibid., p. 260.

vendredi 9 mars 2012

Jeanne Badeau veille sur la réputation de sa famille

Tout au long de sa vie, Jeanne Badeau s’est impliquée activement dans les affaires de la famille. Malgré son âge avancé, notre ancêtre demeure toujours vigilante et veille de près aux intérêts de la famille, surtout si la réputation des siens est en cause. En 1705, âgée de plus de 65 ans, elle croit qu’il est de son devoir d’intervenir lorsqu’elle apprend que son petit-fils André Corbin souhaite épouser Charlotte Rainville. Le 28 novembre, elle s’adresse au tribunal de la prévôté de Québec. Elle souhaite que le juge de ce tribunal interdise à son petit-fils d’épouser la dame Rainville. Mais pourquoi ? La raison en est bien simple. Charlotte Rainville a déjà eu un enfant hors des liens du mariage et Jeanne juge cette conduite scandaleuse. Pour appuyer sa démarche, Jeanne dépose devant la prévôté de Québec le mandat d’opposition à ce mariage de son fils Jacques Parent, tuteur du jeune Corbin, qui la soutient dans cette action. Jacques Parent ne peut être présent à l’audition de cette opposition étant en voyage à Montréal.

André Corbin est le fils de David Corbin et de Marie Parent et Charlotte Rainville est la fille de Jean Rainville et d’Élisabeth de Laguaripière. Cette dernière est la deuxième épouse de Jean Rainville; celui-ci, en premières noces, avait uni sa destinée à Suzanne Badeau, la jeune sœur de Jeanne.

Devant le juge de la prévôté, Élisabeth de Laguéripière prend la défense de sa fille. Elle demande qu’on fasse preuve d’indulgence. Il est vrai que sa fille a déjà eu un enfant sans être mariée mais elle souligne que sa fille ne constitue pas un cas unique, d’autres jeunes filles ont vécu la même situation. Elle estime que sa fille s’est beaucoup assagie depuis et que si son désir est d’épouser André Corbin, qu’elle devrait pouvoir le faire, sans obstruction aucune.

Le juge tranche : André Corbin et Charlotte Rainville ne peuvent se marier et il leur ordonne de cesser de se fréquenter tant et aussi longtemps qu’une assemblée de famille ne sera pas tenue pour discuter de leur cas. Si ces directives ne sont pas respectées par les protagonistes, ils seront condamnés à 25 livres d’amende. De plus, le juge avertit la mère de Charlotte que celle-ci ne peut recevoir André Corbin dans sa maison sous peine d’une amende de 20 livres et, s’il y a récidive, d’une amende de 50 livres.

Mais le cœur a ses raisons et il fait fi des lois. Finalement, André Corbin et Charlotte Rainville sont autorisés à se marier. Le 26 janvier 1706, le curé de Québec bénit leur union. L’acte de mariage fournit d’importantes informations sur ce mariage. Le curé écrit qu’il obéit à une directive de l’intendant de la Nouvelle-France puisque « voyant la longue perseverance du garçon qui n’a pu quelque rayson qu’on luy ait pu dire estre detourné nous prie de paSer oultre ce qui nous a obligé de celebrer le mariage ».

Pourtant, Jeanne Badeau a bataillé jusqu’au dernier moment pour empêcher ce mariage. Même après avoir discuté trois heures avec elle le dimanche le 17, le curé Dupré qui croyait bien obtenir sa bénédiction, chose qu’elle lui avait promise devant trois de ses enfants, reçoit plutôt son opposition. Le mariage a du être reporté dans l’attente de l’autorisation de l’intendant Raudot qui la signe le 24 janvier. Dans cette ordonnance, l’intendant écrit qu’il permet au curé de Beauport de ne pas tenir compte de l’opposition émise par Jeanne Badeau et de célébrer le mariage d’André Corbin avec Charlotte Rainville.

En plus de l’enfant né avant son mariage, Charlotte Rainville a donné naissance à onze enfants.

vendredi 2 mars 2012

Geneviève, Jeanne-Thérèse et Charlotte Parent

Les trois sœurs de Marie Parent vont se marier et avoir de nombreux enfants.

Le 1er décembre 1686, Pierre Parent et Jeanne Badeau accompagnent leur fille Geneviève pour la signature de son contrat de mariage (1). Le lendemain, à l'église de Beauport, Geneviève Parent unit sa destinée à celle de Noël Langlois, sieur de Traversy, fils de Noël Langlois et de Françoise Garnier. Une jeune fille de 16 ans épouse un veuf de 35 ans, père de trois jeunes enfants âgés de 11 ans, 10 ans et un an. Il s’agit du second mariage de Langlois dit Traversy. Il avait épousé Aimée Caron, fille de Robert Caron et de Marie Crevet. On ne connaît pas la date de ce mariage mais, le 28 mars 1673, on baptise à Beauport, François Langlois, fils de Noël Langlois et d’Aimée Caron. Il s’agit du premier enfant de ce couple. Aimée Caron donne naissance à cinq enfants entre 1673 et 1684 et deux sont morts en bas âge. Elle meurt le 4 mai 1685, à Beauport.

Quatre enfants sont nés du second mariage de Langlois dit Traversy. La dernière-née n’est âgée de que d’un mois lors du décès de son père, le 8 octobre 1693, à Beauport. À la suite du décès de son époux, Geneviève Parent ne reste pas veuve très longtemps. Elle n'a pas encore 25 ans. Un an après le décès de son époux, elle prépare son remariage. Au même moment, sa jeune sœur Charlotte veut aussi prendre mari. La famille Parent ne bouscule pas les choses; elle procède par étapes. Tout d'abord, le 26 décembre 1694, Pierre Parent et Jeanne Badeau secondent la jeune veuve pour la préparation de son contrat de mariage avec Jacques Avisse, fils de feu Denis Avisse et de Jeanne Crevier (2). Geneviève a à peu près le même âge que son époux.

Deux semaines plus tard, Pierre et Jeanne s'occupent de la rédaction du contrat de mariage de la toute jeune Charlotte, âgée de 15 ans, qui souhaite fonder une famille avec Michel Chevalier. La famille Chevalier est bien connue chez les Parent, puisque Jacques Parent a épousé Louise Chevalier et Michel Parent a fait de même avec sa sœur Jeanne. Le 6 janvier 1695, les termes du contrat sont mis sur papier par le notaire Duprac (3). Quatre jours plus tard, la communauté beauportoise est témoin d'un mariage double car, Geneviève et Charlotte Parent, célèbrent ensemble leurs mariages à l'église de Beauport. Geneviève donnera naissance à dix autres enfants. Elle rend l’âme le 20 août 1720, à Beauport.

Charlotte Parent donnera la vie à 17 enfants entre 1695 et 1721. Michel Chevalier meurt le 7 février 1748, à Beauport, à l’âge de 77 ans, et Charlotte, le 22 octobre 1763, aussi à Beauport. Un fait à signaler : leur premier enfant naît le 15 juin 1695, seulement cinq mois après leur mariage.

L’autre fille de la famille, Jeanne-Thérèse Parent, épouse Jean Baugis, fils de Michel Baugis et de Madeleine Dubois, le 11 janvier 1689, à Beauport. Elle a 15 ans. Elle donne naissance à quinze enfants de 1690 à 1716. Son époux est inhumé à Beauport le 18 octobre 1720. Jeanne-Thérèse est témoin de la plus grande partie de l’histoire de la Nouvelle-France car elle meurt le 7 avril 1767, à Beauport, à l’âge vénérable de 93 ans.

Les quatre filles de Pierre Parent et de Jeanne Badeau se sont toutes mariées à un jeune âge : Marie à 15 ans, Geneviève à 16 ans, Jeanne-Thérèse à 15 ans et Charlotte à 15 ans. Elles ont donné naissance à 46 enfants.

1. BAnQ. Minutier de Paul Vachon.
2. BAnQ. Minutier de Jean-Robert Duprac.
3. BAnQ. Minutier de Jean-Robert Duprac.

vendredi 24 février 2012

Marie Parent, la fille aînée de Pierre Parent et Jeanne Badeau - partie 2

David Corbin apprend le métier de son beau-père, Pierre Parent. Il devient boucher. Un quatuor de bouchers composé de René Brisson, David Corbin, Guillaume Guillot et Guillaume Jullien occupent les étals des bouchers du populaire marché de la Basse-Ville de Québec en 1678. Corbin a pris la place de Pierre Parent. En juin de la même année, René Brisson signe, au nom des autres bouchers, un bail de location de la boucherie de la Basse-Ville. Les quatre étals de boucherie seront loués 160 livres par année (1). L’entente fait long feu. Un mois après la signature du bail, les quatre associés conviennent de mettre fin à la société qui les lie (2).

Après deux ans d’efforts individuels, les quatre bouchers de la Basse-Ville tentent à nouveau de former une société. Le 25 mars 1681, René Brisson, David Corbin, Guillaume Guillot et Jean Mathieu, qui prend la place de Guillaume Jullien, conviennent, que pour une période d’un an, ils « tueront en Commerçant et travailleront esgallement a faire valloir la dite Boucherie » (3). Le contrat de société dure toute l’année mais ne semble pas avoir été renouvelé. Dans le recensement de 1681, les bouchers de la région de Québec identifiés avec ce titre sont René Brisson, âgé de 46 ans, Jacques Boissel, âgé de 80 ans, Guillaume Guillot, âgé de 38 ans; à la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges. Étonnamment, le recensement de 1681 passe sous silence le métier pratiqué par René Brisson et Jean Mathieu. Il en est de même pour Pierre Parent et, à la Petite Auvergne, dans la même seigneurie, pour David Corbin, âgé de 37 ans.

En janvier 1684, Jean Mathieu et David Corbin s’entendent pour exploiter en commun leur boucherie pour une période de deux ans (4). Tout en signant ce contrat avec Corbin, Mathieu est déjà associé avec René Brisson, entente qu’il annulera le 7 mars suivant (5). Malheureusement pour la société Mathieu-Corbin, un des deux associés meurt prématurément. David Corbin rend l’âme le 19 août 1684.

Cinq enfants sont nés du mariage entre David Corbin et Marie Parent. Marie Parent se remarie rapidement. Avec quatre jeunes enfants sur les bras, Marie ne reste pas veuve très longtemps. Son fils cadet, prénommé David, est né le 10 février 1684. Le 5 février 1685, Marie Parent unit sa destinée à celle de Joseph Rancourt, à Beauport. Il semble que Rancourt n’a pas seulement remplacé David Corbin dans le cœur de Marie Parent mais aussi comme associé de Jean Mathieu. En effet, le 22 juillet 1685, Mathieu et Rancourt achètent de Gabriel Gosselin, de l’île d’Orléans, trois jeunes bœufs valant chacun la somme de 60 livres, deux vaches à 40 livres chacune et vingt moutons au prix de 8 livres chacun (6). En 1687, Mathieu et Rancourt dépose le bilan de leur société (7). Par la suite, Rancourt abandonnera la pratique de la boucherie et se tournera vers la charpenterie de navire, métier qu’il exercera jusqu’à la fin de sa vie.

Au cours de ce second mariage, Marie Parent donnera naissance à neuf enfants. Marie est inhumée le 6 décembre 1700, à Québec.

Le sixieme jour de decemb mil sept Cents a esté Inhumé dans le Cimetiere de Cette paroisse par moy soussigné ptre du seminaire de Quebec faisant les fonctions Curiales Marie parent femme de Joseph Rancourt agée de
Apres avoir recu les Sacrements de penitence viatique et extreme onction en presence de Jaque Michelon et Jean Brassar
                    Pocquet ptre
Joseph Rancourt, âgé d’environ 50 ans, se remarie avec Françoise Daveau, une jeune fille de 21 ans, le 18 septembre 1701, à Château-Richer. De cette union naîtront huit enfants, mais seulement trois atteindront l’âge adulte. Au recensement de la ville de Québec de 1716, la famille Rancourt habite la Basse-Ville. Selon ce recensement, elle est composée de Joseph, le père, âgé de 60 ans, de son épouse, âgée de 34 ans, et de trois garçons, Charles, 13 ans, Jean-Baptiste, 11 ans, Claude 1 an, et d’une fille, Barbe, 9 ans. Joseph Rancourt meurt le 21 mars 1719, à Québec. Dans l’acte de sépulture, on le dit âgé de 60 ans. À la lumière de ces informations, on constate qu’il est difficile de connaître l’âge exact de Rancourt.

1. BAnQ. Minutier de Gilles Rageot, le 9 juin 1679.
2. BAnQ. Minutier de Gilles Rageot, le 23 juillet 1679.
3. BAnQ. Minutier de Pierre Duquet, le 25 mars 1681.
4. BAnQ. Minutier de Pierre Duquet, le 24 janvier 1684.
5. BAnQ. Minutier de Michel Fillion, le 7 mars 1684.
6. BAnQ. Minutier de Pierre Duquet, le 22 juillet 1685.
7. BAnQ. Minutier de Pierre Duquet, le 26 mars 1687.