On ignore à quel moment a débuté l’exploitation de la carrière Parent qui est située dans la seigneurie Notre-Dame-des-Anges tout juste à l’ouest de la rivière Beauport et qui est enclavée par les terres de Pierre Parent. En 1651, quand les jésuites vendent une concession à Jacques Badeau, le beau-père de Pierre Parent, il est précisé qu’ils se réservent l’usage de la carrière qui est située dans cette concession faisant en tout un terrain de 16 perches carrées (1).
En 1660, Pierre Parent achète les 16 perches carrées de terrain tout autour de la carrière (2) et le 9 décembre 1670, Pierre Parent signe le premier contrat dans lequel on fait mention de l’exploitation d’une carrière dans la seigneurie des jésuites. Pierre s’engage à fournir au riche marchand Charles Aubert de Lachesnaye autant de pierres et de chaux qu’il sera nécessaire pour la construction d’un agrandissement à sa maison de la rue Sault-au-Matelot en la Basse-Ville de Québec (3). Ce premier contrat marque le début d’une longue relation entre la famille Parent et cette carrière de Beauport.
En 1675, Pierre Parent et Jeanne Badeau s’engagent à livrer 50 toises de pierre de Beauport au séminaire de Québec (4). En 1678, le couple signe un nouveau contrat de livraison de pierres et de chaux au sieur de Lachesnaye qui agrandit encore sa maison et son entrepôt de la rue Sault-au-Matelot. Dans les décennies 1680 et 1690, le travail ne manque pas à la carrière Parent. En 1682, le riche marchand François Hazeur fait appel à leurs services (5).
Dans la décennie 1680, on constate, à la lecture des actes notariés impliquant la carrière Parent, que Jeanne Badeau dirige maintenant la destinée de cette entreprise. C’est elle qui, au nom de son époux, signe les contrats. Par exemple, en 1688, les ursulines de Québec font appel à leur ancienne élève. À la suite de l'incendie survenu au mois d'octobre 1686 qui a détruit leur monastère, il leur faut rebâtir. Ainsi, elles signent avec Jeanne Badeau, dans le parloir extérieur de leur couvent, un contrat d'approvisionnement de pierres et de chaux pour des travaux de maçonnerie à faire effectuer à leur monastère. Jeanne promet de faire livrer, pendant l'été qui vient, toute la pierre et toute la chaux nécessaires. Les ursulines paieront les sommes de 100 sols pour chaque pipe de chaux, de 24 livres pour chaque chaloupée de pierres de taille et de 17 livres pour chaque chaloupée de pierres communes. Jeanne accepte de recevoir les sommes dues moitié en argent et moitié en marchandises (6).
En 1706, leur fils Charles devient propriétaire de la terre paternelle et continue l’exploitation de la carrière. De génération en génération, les Parent vendent de la pierre de Beauport. Le nom Parent est associé à cette carrière jusqu’à la fin du XIXe siècle. En 2011, cette carrière existe encore et sa circonférence et sa profondeur n’ont rien à voir avec la carrière Parent du XVIIe siècle.
1. BAnQ. Minutier de Guillaume Audouart, le 7 avril 1651.
2. BAnQ. Minutier de Guillaume Audouart, le 14 avril 1660.
3. BAnQ. Minutier de Romain Becquet, le 9 décembre 1670.
4. BAnQ. Minutier de Romain Becquet, le 15 octobre 1675.
5. BAnQ. Minutier de Gilles Rageot, le 11 mars 1682.
6. BAnQ. Minutier de Gilles Rageot, le 4 février 1688.
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