lundi 6 août 2012

Les filles se marient jeunes en Nouvelle-France


En Nouvelle-France, souvent les filles se marient encore adolescentes. La majorité des filles des pionniers qui sont nées en en Nouvelle-France convolent avant 20 ans et nombreuses sont celles qui se marient dès la puberté, tandis que les garçons le font entre 22 et 32 ans (1). Par exemple, les quatre filles de Pierre Parent et Jeanne Badeau se sont mariées à l’âge de 15 ou de 16 ans mais ses dix frères qui prennent épouse dans la région de Québec le font à un âge qui varie entre 19 et 23 ans.

Cette volonté d’encourager les jeunes garçons et jeunes filles de la nouvelle colonie à se marier très jeunes est clairement exprimée dans la correspondance que les autorités françaises adressent aux dirigeants de la Nouvelle-France. En 1670, cette politique royale se traduit en ces termes : « Veut de plus Sa dite Majesté qu’il soit payé par les ordres du dit intendant à tous les garçons qui se marieront à vingt ans et au-dessous, et aux filles à seize ans et au-dessous, vingt louis pour chacun le jour de leurs noces; […] et qu’il soit établi quelque peine pécuniaire, applicable aux hôpitaux des lieux, contre les pères qui ne marieront point leurs enfants à l’âge de vingt ans pour les garçons et à l’âge de seize ans pour les filles (2). » 

Deux ans plus tôt, Colbert proposait des mesures encore plus énergiques, il souhaitait doter les garçons afin de faciliter leur mariage (3). D’ailleurs, près de 40 années plus tard, le discours officiel véhicule toujours les mêmes préoccupations. Dans une missive du 7 novembre 1711 adressée à la Cour, on apprend que le gouverneur et l’intendant restent préoccupés par cette politique. « Les Srs De Vaudreuil et Raudot […] exhortent le plus qu’ils peuvent les filles et les garçons du Canada de Se marier, le Sr Raudot leur dit toujours que c’est l’intention de Sa Majesté que les garçons se marient à 20 ans et les filles à 16 ans, sans cependant pour cela qu’ils doivent s’écarter du respect qu’ils doivent à leurs Parens (4).» Les enfants de la famille Parent-Badeau s’inscrivent parfaitement dans les désirs exprimés par les autorités en ce qui concerne l’âge de la nuptialité.

(1) Hubert Charbonneau, Bertrand Desjardins, André Guillemette, Yves Landry, Jacques Légaré, François Nault avec la collaboration de Réal Bates et Marie Bolede, Naissance d’une population, les Français établis au Canada, Les Presses de l’Université de Montréal et les Presses universitaires de France, Travaux et Documents, cahier no 118, 1987, p. 71.

(2) Paul-André Leclerc, prêtre, « Le mariage sous le régime français », Revue d’histoire de l’Amérique française,13: 240, 1959, citant les Arrêts du Conseil d’État du Roi, le 12 avril 1670 dans Édits et ordonnances royaux I, p. 68.

(3) Rapport de l’archiviste de la province de Québec (1930-1931), Lettre du ministre Colbert à Talon, p. 95.

(4) Rapport de l’archiviste de la province de Québec. (1946-1947), Correspondance entre M. de Vaudreuil et la Cour, p. 448.

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