lundi 11 mars 2013

Prix d’aliments de base dans la région de Québec entre 1690 et 1700

Les denrées alimentaires de base de la famille canadienne de la fin du XVIIe siècle comprennent le pain, la viande de bœuf, les œufs, le sel et l’anguille. On peut établir des prix pour ces aliments en se référant au livres de comptes C4 du Séminaire de Québec.

Le prix de la viande de bœuf ne varie pratiquement pas au cours de la décennie 1690; il oscille entre quatre et six sols la livre avec une baisse exceptionnelle à trois sols la livre en 1700. En effet, ce prix est réglementé. Le 24 mars 1692, le Conseil souverain ordonne que le prix de la livre de bœuf ne peut dépasser cinq sols de Pâques jusqu’au premier juillet et quatre sols du premier juillet au carême (1). Deux ans plus tard, le Conseil souverain émet une nouvelle ordonnance. Le 4 avril 1694, il ordonne que « le bœuf et le veau seront vendus à la boucherie cinq sols la livre depuis paques jusqu’au premier juillet, et quatre sols le bœuf et six sols le veau la livre jusqu’au carême » (2).

Un autre aliment important en Nouvelle-France est l’anguille. Elle se vend habituellement en barriques, mais on la vend également à la centaine et même à l’unité qu’on paie deux sols. En barriques, le prix varie beaucoup d’une année à l’autre. Ayant connu un prix plancher entre 20 et 26 livres en 1688, 1689 et 1694, la barrique d’anguilles se maintient à un prix oscillant entre 30 et 40 livres pour les années 1692, 1693, de 1695 à 1697 et en 1699. En 1695, on sait qu’une seule anguille seule se vend deux sols et que le prix d’une barrique d’anguilles se monte à 40 livres. En faisant une simple division et en supposant que chaque anguille d’une barrique vaut deux sols, on peut estimer qu’une barrique contient environ 400 anguilles. De par la quantité et la fréquence des ventes d’anguilles rapportées dans le livre de comptes, on peut avancer que l’anguille constitue un élément important de l’alimentation dans la région de Québec à la fin du XVIIe siècle. D’ailleurs, Frontenac écrit qu’il considère l’anguille comme la manne de tous les habitants (3). Dans le tableau, le prix des anguilles est celui d'une barrique.Occasionnellement, les gens du Séminaire mangent d’autres poissons comme l’alose, le bar ou le saumon.

Le prix des œufs varie au fil des ans. Payé cinq à six sols la douzaine de 1688 à 1690, la douzaine d’œufs se négocie jusqu’à huit sols par la suite.


                                           
Prix d'aliments de base en la Nouvelle-France pour la période de 1688 à 1700, selon le livre de comptes du Séminaire de Québec
Année    anguilles                bœuf               œufs
            (livres/barrique)  (sols/livre)  (sols/douzaine)

1688        20                                            6
1689      22,5-25                                       6
1690                                   4                  5-6
1691                                   4
1692      32-46                    5-6                  8
1693        30                       4-6
1694      22-26                    4-5                  8
1695       40                         4                   6
1696      30-35                     4
1697       36                         5                   6
1698                                   4                   8
1699      35-40                     5
1700                                   3


(1) Jugement et Délibération du Conseil Souverain, vol. III, Québec, 1887, p. 662.
(2) Ibid., p. 872.
(3) Rapport de l’Archiviste de la Province de Québec 1927-1928, p. 111.

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